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Commençons l’économie décarbonée dès demain !
jeudi, 9 décembre 2010 / Serge Orru /

Directeur général du WWF France

A quelques heures de la clôture du sommet de Cancún, il y a urgence. Nos modes de production et de consommation doivent changer. Il en va de notre avenir !

Sur les terres de Zapata et du sous-commandant Marcos se joue l’avenir du « global warming » ou plutôt le « global warning », l’alerte globale ! Avec cette COP16, nouvelle étape en Amérique latine de négociations multilatérales entre 194 pays, excusez du peu…

Ici, entre Copenhague et Durban l’année prochaine, on décidera ou non de la suite du fameux protocole de Kyoto. Mais surtout, on décidera de l’accentuation – ou non – du changement climatique, car chaque partie défend avec obstination son intérêt national au détriment de l’intérêt général. Il faut reconnaître que ce n’est guère facile de négocier avec autant de pays différents quand on vit l’ère de la cupidité. Ce n’est déjà pas simple de négocier dans sa propre famille, dans son entreprise ou même dans son pays… Alors il faut une sacrée dose d’optimisme pour espérer au Mexique des avancées significatives afin d’éviter l’élévation de la température moyenne de la planète à cause de nos gaz a effet de serre. Croyons en l’improbable !

Pour mémoire, nous rejetons actuellement 48 milliards de tonnes de CO2 par an dans l’atmosphère. Et nous accentuons d’année en année le phénomène alors qu’il nous faudrait descendre à 44 milliards de tonnes. C’est possible ! Avec l’audace des citoyens, avec l’imagination et la technologie, avec l’incontournable sobriété que nous devons ériger en principe. Exigeons la hausse des émissions des gaz à effet de rêve, pour nos enfants !

Les océans et les forêts absorbent la moitié de ce CO2 émis, mais si l’acidification des mers et la déforestation continuent de progresser, comme c’est le cas actuellement à cause de nos modes de production et de consommation, nous devrons affronter le péril climatique et des milliards d’êtres humains vivront entre la barbarie et l’humanitaire. Qui peut souhaiter cela ?

Nous, les pays riches, nous devons entrer dans l’économie décarbonée. Certes, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais par pitié, commençons demain ! Nous pouvons aider les pays en développement avec des transferts de technologies, nous devons aider les pays forestiers à conserver les poumons de l’humanité ! Il nous faut les soutenir dans l’adaptation de leur économie face au dérèglement du climat qui provoque désertification, changement des cultures vivrières, inondations, érosion accélérée de la biodiversité, déplacement de millions de réfugiés climatiques, élévation du niveau des mers… Ce n’est pas de la philanthropie, il en va de notre avenir !

Dès qu’il y a une guerre, on sait créer une coalition pour vaincre. Alors, face aux désastres annoncés, on se doit de créer cette coalition que tous les habitants de la planète espèrent – à ce jour vainement – pour vaincre la fatalité annoncée. « L’homme n’est ni grand, ni petit, aime à dire Jean-François Bernardini du groupe I Muvrini. Il a la taille de ce qu’il sait aimer et respecter. » Alors, que chacun d’entre nous se bouge, agisse, fédère, fasse pression sur tous les décideurs et réalise son devoir passionnant de passager de la planète. Ici Cancún, à vous la Terre.