On apprend dans Libération (31/01) la mésaventure des journalistes de L’Usine nouvelle, magazine spécialisé dans l’industrie, dont la rédaction a subi un audit de la part de consultants du cabinet AT Kearney. Ces derniers - qui en savent autant sur le métier de journaliste qu’Edouard Flam sur l’industrie de la soupe - auraient mis au point un "indicateur génial" : le "taux d’utilisation", consistant à calculer la productivité de chaque journaliste "par mot publié" ! Verdict : 60 % "seulement" de taux d’utilisation pour les journalistes de L’Usine nouvelle. Sanction : la rédaction doit réduire la voilure pour faire remonter son taux. La créativité des gens d’AT Kearney laisse songeur et l’on se dit qu’à ce rythme, une "invention géniale" consisterait à remplacer tous les gratte-papier de la presse par des robots pissant de la copie à longueur de journées et de nuits, ne tombant jamais malade, ne procréant pas. Ils rempliraient sans moufter les colonnes de journaux truffés de publicité que l’on servirait gratuitement à des bataillons de citoyens indifférents. Pour le plus grand bonheur de ceux qui pensent que les journalistes ont des idées malsaines.