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Riche de solidarités, la planète sera vivante
vendredi, 15 octobre 2010 / Serge Orru /

Directeur général du WWF France

Les dégradations que l’Homme inflige aujourd’hui à la planète sont sans précédents. Pour preuve la biodiversité a chuté de 30% depuis 1970 selon le dernier rapport Planète Vivante du WWF.

Bien sûr, on pourrait se consoler en disant que la biodiversité des régions tempérées s’est accrue dans le même temps… mais serait-ce bien raisonnable ? D’autant que les aires tropicales ont perdu près de 60% de leur diversité biologique en 40 ans !

La pression que nous exerçons sur les écosystèmes menace la continuité de l’approvisionnement en services écologiques (les bénéfices que l’Homme tire des écosystèmes). La dépendance de la société humaine vis-à-vis des ressources naturelles fait de la perte de ces services une sérieuse menace pour le bien-être et le développement de l’ensemble de la population mondiale.

Or, la biodiversité, c’est notre banque du vital. Elle n’a pas (encore !) de prix mais une valeur infinie, celle de la vie et des conditions de sa survie. Pour continuer à nous développer, on « vide les comptes » des plus démunis ! Les pays les plus pauvres et les plus vulnérables « subventionnent » nos niveaux de vie élevés. En puisant dans leur « épargne », on met en péril la vie et la survie des pays riches en matières premières. Notre « surconsommation » se fait « à crédit » sur le dos de la désolation des pays du Sud. Mais une fois que nous aurons tout épuisé, où irons-nous chercher nos ressources ?

Notre planète est unique, notre monde est fini ! Selon le rapport Planète Vivante] du WWF, en 2030, nous aurons besoin de 2 planètes pour subvenir à nos besoins. Or, comme nous le soufflent Dominique Bourg et Kerry Witheside dans Vers une démocratie écologique, « nous subissions une tyrannie originale, celle qu’exerce la jouissance immédiate des individus à l’encontre d’enjeux vitaux à moyen et long terme pour le genre humain ». Pourquoi cet attentisme face à une telle urgence ?

Cette insécurité écologique entraîne de fait une insécurité démocratique. Car la question des inégalités et de la redistribution est au cœur des conflits. La non-résolution de la crise écologique et des tensions qu’elle génère peut dévier dangereusement la trajectoire démocratique de nos sociétés. La protection des écosystèmes et de la biodiversité doit être notre priorité.

Comme Pascal nous le rappelait dans Les Pensées, « toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiatement et immédiatement, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible mais qui lie les plus éloignées et les plus différentes », il ne fait aucun doute que l’avenir de l’Homme passe par l’avenir de la Nature.

Notre futur, malgré toutes les apparences, n’est pas la technologie ou le progrès, mais bien le retour à la solidarité et la coopération, entre l’Homme et son environnement.