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La politique biodégradable
mercredi, 20 octobre 2010 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Les Français sont devenus « écolos » en 2007. La campagne présidentielle aurait pu tourner à une énième foire d’empoigne sur l’insécurité et l’immigration. Mais plusieurs ONG emmenées par le trublion Nicolas Hulot forcèrent les candidats à l’Elysée à s’engager publiquement sur la voie d’une société écologique. Et puis, il y eut le Grenelle de l’environnement, promesse de campagne finalement tenue par le président Nicolas Sarkozy.

Ce moment inédit rassembla la société civile, les ONG, les entreprises et les syndicats autour d’une belle idée : dessiner une civilisation plus juste et plus verte. Chacun s’est mis en mouvement, à sa manière. A ce propos, un lecteur malicieux nous écrit : « Je pense avoir tenu mes engagements. J’ai augmenté la part de bio et d’équitable dans mes achats. Je continue de prendre les transports en commun. Je me suis équipé d’un chauffe-eau solaire et d’un poêle à haut rendement. » Mais, conclut-il : « En est-il de même pour ceux qui nous gouvernent ? »

Que reste-t-il de l’engagement écologique du Président ? En ce troisième anniversaire du Grenelle de l’environnement, personne ne nous fera dire que tout ceci n’est que du vent. Les faits démontrent l’inverse. L’écologie et le développement durable sont maintenant dans toutes les têtes et y resteront, quelle que soit la couleur politique des prochains gouvernements.

L’écologie, ça va bien cinq minutes

Mais sur le sujet, la machine élyséenne s’est grippée en 2009. Et depuis, elle enchaîne les reculades. Les projets d’autoroutes et de centrales nucléaires bénéficient toujours des largesses du pouvoir, tandis que la filière éolienne tire la langue ou que les producteurs de bio rament. Faute historique, l’abandon de la taxe carbone constitue le point d’orgue de ce reflux politique.

Avec le Grenelle, nous avons cru que le courage politique consistait – enfin – à prendre le pari d’une nouvelle civilisation, en faisant fi des lobbies du XXe siècle. Aujourd’hui, certains édiles nous expliquent doctement que le courage consiste à « s’attaquer » à la question de l’immigration et que l’écologie et le développement durable, ça va bien cinq minutes. Mais lorsque la dernière goutte de pétrole sera consommée et qu’il faudra, dans la panique, organiser un nouveau monde, à qui pensez-vous que l’histoire donnera raison ? —