Armé de vos interrogations sur l’Investissement socialement responsable, « Terra eco » est allé frapper à la porte des experts. Voici leurs réponses (4/5).

Question de Don Quichotte : Depuis quelque temps, je vois surgir des plateformes en ligne de crédits de particulier à particulier – solidaires ou pas – qui se présentent comme des alternatives aux banques qui ne veulent plus prêter : Xetic, FriendsClear, Zopa ou encore PRETp2p.com. Que valent ces sites ?

Réponse de Nathalie Fessol, journaliste indépendante spécialiste de l’Investissement socialement responsable (ISR) et de la RSE (responsabilité sociale des entreprises), membre du Forum pour l’investissement responsable :

Une précision avant tout : ces plateformes proposent des crédits, solidaires ou non, entre particuliers (ce que l’on pourrait qualifier de prêts sociaux) ou via des organisations de microcrédit. Il s’agit là d’une forme d’investissement, pour les prêteurs, dont le Forum pour l’investissement responsable n’est pas spécialiste. Il n’est donc pas question de poser un jugement de valeur sur ces sites, mais de donner un éclairage sur les deux principes animant ces différentes plateformes : l’engagement sociétal et solidaire, d’un côté, l’investissement à but lucratif de l’autre.

La philosophie de certaines de ces plateformes est donc celle de l’engagement citoyen : il s’agit, pour des particuliers, d’aider des emprunteurs micro-entrepreneurs – le plus souvent précarisés et donc à l’écart des circuits financiers classiques – à réaliser les investissements nécessaires au démarrage ou au développement de leur activité.

L’une des plateformes les plus actives est Babyloan. Babyloan, en se rapprochant d’institutions de micro-financement (IMF) qui suivent les micro-entrepreneurs des pays du Sud dans leurs projets, a su non seulement créer une communauté de prêteurs individuels solidaires mais également assurer la traçabilité des investissements et des projets.

Xetic a une philosophie similaire : il s’agit, pour un internaute ou un groupe d’internautes, de choisir un des projets de micro-entrepreneuriat individuel proposé par le site et d’en financer une partie. Là aussi, les micro-financements concernent les pays en voie de développement. Toutefois, à la différence de Babyloan, Xetic ne s’est pas associé à des IMF. Il s’agit uniquement de communautés de prêteurs solidaires. Pour un prêteur de Xetic, peut se poser la question du suivi de son investissement et de celui du micro-projet financé. (Une vision que réfute le fondateur de Xetic, Jérémy Camus, dans un commentaire posté dans notre forum, Ndlr.)

A côté de ces sites, plus spécifiquement dédiés à l’investissement solidaire individuel en direction des pays les plus pauvres, existent des sites se présentant, pour un emprunteur entrepreneurial « classique », comme une alternative aux banques et aux sociétés de crédit. Ces sites proposent des crédits accordés par des particuliers, regroupés sous forme d’investisseurs participatifs. C’est ainsi que fonctionne FriendsClear, qui s’applique à jouer les intermédiaires entre emprunteurs, ayant besoin de financer leurs besoins professionnels, et investisseurs particuliers. Il ne s’agit plus d’un engagement citoyen et solidaire, mais bien – pour un petit investisseur individuel – de jouer le rôle d’un prêteur classique, en bénéficiant d’un taux d’intérêt supérieur au taux d’une épargne classique. Quant à l’emprunteur, il peut espérer obtenir un financement (maximum de 25 000 euros) avec un taux d’intérêt somme toute relativement élevé que ne lui accorderait peut-être pas un établissement financier traditionnel. Il s’agit toujours de micro-entrepreneuriat, mais la philosophie du site reste à but strictement capitalistique, même si les investisseurs choisissent les projets dans lesquels ils souhaitent investir.