https://www.terraeco.net/spip.php?article12796
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Finance éthique : comment la rendre plus transparente ?
mardi, 5 octobre 2010
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Armé de vos interrogations sur l’Investissement socialement responsable, « Terra eco » est allé frapper à la porte des experts. Voici leurs réponses (1/5).
Question de L94 : Dans une étude récente, les Amis de la Terre remettent clairement en cause l’Investissement socialement responsable (ISR) et notamment l’absence de contrôle des données environnementales, sociales et gouvernementales (ESG) des grandes entreprises cotées, quasi unique référent sur lequel se base le travail des analystes extra-financiers. Existe-t-il des points d’amélioration très concrets qui pourraient être mis en place très vite pour permettre aux clients de « faire davantage confiance » à l’offre ISR actuelle ?
Il faut également savoir que la plupart des grandes sociétés de gestion font elles-mêmes appel à plusieurs agences de notation, ce qui leur permet de croiser les informations. Pour certaines d’entre elles, ces multiples sources alimentent leurs propres modèles de notation. Il est trop facile de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Bien sûr que les approches de ces agences ont besoin d’être affinées, renforcées… Encore faudrait-il que le marché accepte d’en payer le juste prix. J’aimerais simplement rappeler que ces approches remontent au plus à une quinzaine d’années alors qu’il a fallu plus d’un siècle pour tenter de s’accorder sur les modèles d’analyse financière.
Alors quels peuvent être les axes concrets d’amélioration ? J’en vois personnellement 5 :
1. Que les clients acceptent de payer le juste prix. Ce prix sera d’autant plus acceptable que l’encours des fonds ISR sera important. Aujourd’hui, le prix payé par une entreprise pour faire vérifier des données extra-financières est deux à quatre fois moins important que pour faire vérifier des données financières. La juste rémunération de cette recherche extra-financière permettra aux agences d’étoffer leurs équipes et de les spécialiser par secteur d’activité et par grandes zones géographiques.
2. Développer un référentiel de “reporting”, c’est-à-dire une série d’indicateurs extra-financiers pertinents montrant la contribution des politiques de développement durable des entreprises à leur performance économique et financière et alertant sur leurs éventuels impacts environnementaux et sociaux.
3. Donner un niveau de vérification de ces indicateurs équivalent à celui donné pour les informations financières.
4. Exiger des sociétés de gestion qu’elles indiquent dans quelle mesure elles prennent en compte des critères sociaux, environnementaux et de bonne gouvernance dans la politique d’investissement des fonds qu’elles gèrent pour compte propre ou pour compte de tiers.
5. Faire connaître, encore et encore, l’ISR auprès du grand public de manière à ce qu’il puisse interpeller son banquier ou son assureur sur ces thèmes.
Les axes 2, 3 et 4 font l’objet des articles 224 (pour l’axe 4) et 225 (pour les axes 2 et 3) de la loi dite Grenelle II qui vient d’être votée récemment par l’Assemblée nationale. Le débat est ouvert dans le cadre des discussions sur l’élaboration des décrets d’application. Pour le dernier axe, c’est à nos membres, individuellement et collectivement au travers du Forum pour l’investissement responsable, de faire œuvre de pédagogie. La semaine de l’ISR, rendez-vous de place annuel, qui se déroule cette semaine pour la première fois en France, en est l’un des outils privilégiés. »
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