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Immigration mon amour
mercredi, 22 septembre 2010 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Dans un monde idéal, nous serions parfaitement indifférents à l’immigration. Tout un chacun aurait accès à l’eau, à des sanitaires, à une alimentation équilibrée, à l’école et aux soins de base. Les ressources naturelles seraient gérées et partagées équitablement entre Etats. Ces derniers privilégieraient, pour leurs habitants, une organisation « locale » – régionale, nationale ou supranationale, selon les cas – des ressources disponibles et des activités économiques. Dans ce monde-là, personne n’envisagerait de fuir la terre qui l’a vu naître. Par conséquent, le voyage serait un projet résolument positif, une découverte. Les migrations seraient considérées au mieux comme un des ingrédients pimentés du vivre ensemble, au pire comme un épiphénomène.

Les contre-vérités fusent

Mais ce monde n’existe pas. Et dans notre monde, l’immigration prend des visages très contrastés. Sur les tarmacs des aéroports, des touristes et des hommes d’affaires croisent des réfugiés politiques, sous le regard d’employés au teint coloré. Les premiers choisissent librement la durée de leur séjour. Les seconds aspirent simplement à un endroit où vivre. Les derniers rêvent parfois d’un retour au « bled », sans pouvoir en arrêter l’échéance ni même l’éventualité. Dans ce monde, face aux caméras, des bateleurs d’estrade habillent la question de l’immigration de leurs idéologies. Les contre-vérités fusent au nom du court-termisme électoral. Face à ces mensonges, trouver le ton juste devient une gageure.

Alors, que dire ? D’abord que l’immigration, au-delà des statistiques, est le reflet de projets de vie, désirés ou contraints. Ensuite, que les mouvements migratoires s’opèrent avant tout entre pays « du Sud », les pays riches contrôlant leurs flux migratoires de façon stricte. Enfin, saisissons au bond la balle de ceux qui appellent au « réalisme », agitant le chiffon d’une prétendue « menace » migratoire et rappelons que l’ONU chiffre à 200 millions le nombre des réfugiés que les accidents écologiques jetteront sur les routes de la planète dans les années à venir.

Alors que la télévision, le web et les réseaux sociaux propulsent l’information et les idées à une vitesse inouïe, pensons-nous réellement que nous contiendrons longtemps ces flux d’immigration ? Où est le réalisme ? Il serait temps de revenir à la sérénité des faits. D’une part en chiffrant ce que l’immigration peut apporter aux pays du Nord. D’autre part en accompagnant les pays du Sud dans un développement économiquement autonome, écologiquement soutenable et humainement ambitieux, conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies (1). —

(1) Adoptés en 2000 sous l’égide de l’ONU, ces objectifs visent notamment à « éliminer la pauvreté, la faim, la maladie et les mortalités infantile et maternelle d’ici à 2015 ».