https://www.terraeco.net/spip.php?article12339
Pierre Moscovici : « Les écologistes ont franchi un palier »
vendredi, 10 septembre 2010 / Julien Kostrèche

Le député du Doubs, possible candidat à l’investiture socialiste pour les prochaines présidentielles, analyse le sondage « Terra eco »/OpinionWay sur les écologistes et l’élection de 2012.

Terra eco : Notre sondage montre qu’Eva Joly bénéficie d’une cote d’amour élevée auprès des sympathisants socialistes, plus haute même que dans les propres rangs écologistes. Comment l’expliquez-vous ?

Pierre Moscovici : « J’accorde assez peu d’importance à ce stade à des sondages sur la prochaine élection présidentielle. Mais pour répondre à votre question, cela peut peut-être s’expliquer par le fait que les électeurs de gauche ne la connaissent pas bien. C’est aussi l’expression d’un désir d’ailleurs pour un électorat qui est souvent insatisfait, toujours exigeant. Mais je le répète, pour l’instant, cette cote de popularité de la candidate écologiste a assez peu de signification. Tout dépendra de la façon dont elle mènera sa campagne. Est-ce qu’elle fera un flop ou un tabac, il est trop tôt pour le dire. »

Des électeurs de gauche tentés par le vote écologiste, dans un contexte où le débat sécuritaire domine, cela vous inquiète ? Y a-t-il un risque de « 21 avril bis » avec un PS qui ne franchit pas le premier tour ?

« Non, je ne suis pas inquiet. Le PS est maître de son destin. Il y a dans le pays aujourd’hui une volonté d’alternance qui ne peut être incarnée que par un socialiste. En même temps, il demeure une part de doute. Une question de confiance reste posée à l’égard du PS. On voit bien que les Français expriment une envie forte de nous voir gagner le second tour des présidentielles, mais que l’envie de nous voir réaliser un bon score au premier tour est plus mesurée. Les sondages nous créditent de 16 à 25% au premier tour. 16%, c’est un niveau impossible. 25%, c’est insuffisant. Il est clair que le rapport de force au premier tour pèsera. Mais notre problème, ce ne sont pas les Verts. Ne nous préoccupons pas de la concurrence, occupons-nous de l’offre. Soit le PS déçoit sur son programme pendant la campagne, et le candidat écolo sera fort. Soit il convainc et on peut compter sur le réflexe du vote utile. »

Aux universités d’été des écologistes à Nantes, auxquelles vous étiez invité, vous avez laissé entendre qu’un écologiste pouvait prétendre à d’autres fonctions que celle de ministre de l’Environnement. Un écologiste Président de la République, vous y croyez ?

« Ce que je crois, c’est que les Verts ont franchi un palier. Comme le montre votre sondage, on ne les voit pas encore exercer les fonctions suprêmes du pouvoir, mais ils ont gagné en crédibilité. C’est devenu un partenaire majeur pour le Parti socialiste. Une force politique globale, qui doit d’ailleurs être mieux représentée à l’Assemblée nationale. »

Justement, dans la perspective de 2012, comment rassembler la gauche sans que ce soit une redite de « la gauche plurielle » des années Jospin, qui avait montré ses limites ?

« Il faut aller beaucoup plus loin, établir un vrai contrat de gouvernement. A l’époque de la gauche plurielle, j’étais chargé des discussions avec Yves Cochet et Dominique Voynet, mais nous n’avions fait que quelques concessions aux écologistes. Là, il nous faut trouver un accord plus structuré et durable, sur un programme commun. J’ai demandé à Martine Aubry de pouvoir ouvrir ce chantier. »