L’ancienne secrétaire d’Etat à l’Ecologie – aujourd’hui à l’Economie numérique – Nathalie Kosciusko-Morizet et secrétaire générale adjoint à l’UMP analyse le sondage « Terra eco »/OpinionWay sur les écologistes et l’élection présidentielle de 2012.

Terra eco : Nathalie Kosciusko-Morizet, un écologiste serait-il capable de diriger la France ?

Nathalie Kosciusko-Morizet : Une chose me frappe dans votre sondage. Il montre, je pense très clairement, le manque de crédibilité dont souffre l’écologie partisane. Comme si ses sympathisants – je pense à Europe Ecologie et aux Verts – ne parvenaient pas à capitaliser leurs succès, notamment en région. Vos résultats traduisent un complexe exécutif. Comme si leur expérience de responsabilités en local n’était pas prise en compte.

Vous exagérez, l’expérience écologiste au plan local est assez mince et récente…

Elle ne date tout de même pas d’hier matin. Il y a eu des expériences en région depuis longtemps : je pense notamment à Marie-Christine Blandin (présidente du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais en 1992, ndlr). Il y a aussi des maires… Mais les résultats de votre sondage révèlent une autre faiblesse chez les écologistes. Voici une famille politique qui décidément ne parvient pas à jouer collectif ! C’est une pétaudière, non ? Je pense que s’ils parvenaient à se valoriser collectivement, en mettant en exergue les exemples positifs d’expériences en région des uns et des autres, cela pourrait changer la donne. Mais là, on le voit bien, ça ne fonctionne pas. Je crois tout simplement qu’ils ne peuvent pas gérer.

Le discours du gouvernement en matière d’environnement et de développement durable semble s’être tari depuis la crise et l’échec de Copenhague. La droite peut-elle encore porter la parole écologiste ?

Il y a eu un effet crise, c’est évident et je le déplore. Dans une période aussi dure sur le plan économique, on assiste à chaque fois à un repli, comme si l’écologie devenait secondaire et accessoire. Dans la tête des gens, j’observe à chaque période de crise cette réaction qui consiste à dire que l’écologie est un luxe. On doit réussir à changer cette idée, et effectivement, je pense que la transformation de notre société n’est pas achevée, même s’il ne vous a pas échappé que le plan de relance avait trouvé dans les dispositions du Grenelle de quoi accélérer ses effets.

Vous dites que la transformation de la société n’est pas achevée. Est-ce l’une des raisons pour lesquelles Nicolas Hulot obtient autant de suffrages dans notre sondage ? Et est-ce un problème pour la droite ?

Lui seul peut dire s’il se lancera en 2012. Je n’ai pas de jugement en ce sens. Je pense qu’il est aussi haut dans votre enquête car les Français ont compris que l’écologie était généraliste. Elle ne peut être captive d’un parti. Et Nicolas a compris – je le suis là dessus – que l’enjeu est d’écologiser cette société. C’est pour cette raison, j’en suis certaine, que les gens veulent Hulot et pas Duflot. Maintenant, je nuancerais concernant Nicolas Hulot en disant que si l’écologie ne peut être la propriété d’un parti, elle ne peut pas non plus être celle d’un homme ou d’une femme.