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L’écologie queue de cerise du PS
lundi, 30 août 2010 / Simon Gouin /

Journaliste stagiaire à la rédaction de Terra eco

Après les écologistes à Nantes, c’était au tour des socialistes d’organiser leur université d’été le week-end dernier à La Rochelle. Sans surprise, il y a beaucoup été question de Nicolas Sarkozy. D’écologie, très peu.

Un peu plus de deux minutes. C’est le temps consacré à l’écologie dans le discours de clôture de l’université du PS, prononcé hier, par Martine Aubry. Sur une heure et 26 minutes, le sujet a vite été évoqué par la première secrétaire du parti socialiste qui considère pourtant que « l’urgence écologique pas suffisamment prise en compte ».

Extrait du discours de Martine Aubry :

« Si l’accumulation des catastrophes naturelles n’est pas le seul fait de l’homme, le système économique actuel du “toujours plus de rentabilité, toujours moins de règles ” - démultiplie les risques. Les biens collectifs, l’air, l’eau, la biodiversité, les paysages, sont devenus des marchandises comme les autres : on les achète, on les use, on s’en débarrasse. Cette logique apparaît de plus en plus destructrice. Après l’échec de Copenhague, un sursaut s’impose. L’homme se menace : le séparer de sa cupidité n’est pas une lubie doctrinale, c’est un impératif vital. De la France, on attend qu’elle sorte les autres puissances de leur léthargie, qu’elle trace un horizon et qu’elle l’emprunte. Il y a eu un Grenelle, que dis-je deux “Grenelle de l’environnement”, et puis plus rien. M. Sarkozy lui-même a baissé le pavillon vert de l’UMP en affirmant : “l’environnement, ça suffit”. A Copenhague hier, à Cancún demain, comment la France pourrait-elle être crédible ? »

Ce discours a conclu trois jours d’université ponctués par un seul débat sur l’environnement : « Réussir la transition environnementale »

« Un long chemin à parcourir »

« Le PS a encore un long chemin à parcourir pour intégrer la problématique de l’écologie sur des sujets aussi importants que l’agriculture ou l’énergie », déclarait vendredi Noël Mamère. A Saint-Ciers-sur-Gironde, le député Verts et maire de Bègles participait aux rencontres d’été du pôle écologique du Parti socialiste.

« Un courant qui tient dans une cabine téléphonique », avouait Philippe Plisson, député PS de Gironde à l’AFP, mais qui organisait de nombreuses tables rondes sur l’environnement, jeudi et vendredi derniers. Les sujets : l’aménagement du territoire, les transports, l’agriculture et l’alimentation, l’énergie, la décroissance. Les participants : des représentants du monde associatif, des élus socialistes, dont Laurent Fabius, Arnaud Montebourg ou Pierre Moscovici, et verts, parmi lesquels Yves Cochet, Denis Baupin et Noël Mamère.

« En terme de philosophie, il y a une divergence qu’on ne peut pas résoudre entre les socio-démocrates et les plus radicaux des écologistes, a noté Olivier Ferrand, président du think tank Terra Nova, au cours d’une d’une table-ronde sur le thème “croissance verte, croissance durable ou décroissance”. Mais les socio-démocrates doivent accepter les critiques des penseurs de la décroissance, notamment sur le caractère fruste et dangereux du critère PIB et sur la religion de la consommation » a-t-il poursuivi.

« On est là pour servir de passerelle entre les productivistes du PS qui n’ont pas tout compris et les écolos utopistes qui doivent mettre du pragmatisme dans leur programme », a expliqué Philippe Plisson. Une passerelle, manifestement encore très étroite, qui pourrait guider la désignation du candidat socialiste, lors des primaires du parti, à l’automne 2011. A cette occasion, le pôle écologique souhaite « qu’un ou plusieurs candidats portent explicitement la double priorité sociale et écologique ».