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La passerelle des noctambules
jeudi, 16 décembre 2004
/ David Solon / Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco |
Au coeur de Paris, une Passerelle singulière mène le visiteur de la petite librairie à l’épicerie équitable, en passant par la scène de concert. Un équilibre subtil entre engagement culturel et réalité économique.
Une rue plutôt terne du XIe arrondissement de Paris. Deux personnages de Tardi qui encadrent en souriant l’enseigne colorée du lieu... La Passerelle a des accents d’ailleurs. Il est 14h00 et cette auberge espagnole encore vide, semble reprendre son souffle d’une nuit agitée, peut-être trop longue. "Ce lieu est un mélange de souvenirs et d’images qui m’ont plu et que j’ai gardé en mémoire tout au long de mes voyages. D’Amsterdam à Berlin, de Buenos Aires à Paris..." Jean-François Mathé, 46 ans, dirige la Passerelle avec Marie-José et Caroline qui vient de rejoindre les deux fondateurs. Une longue histoire qui n’a pas encore fini de commencer.
Officiellement, la Passerelle a ouvert ses portes en avril 2003. C’est un lieu à plusieurs entrées, qui peut recevoir plus d’une centaine de personnes. Bistrot-resto d’abord, étalé sur 380 mètres carrés, avec une carte toute simple et aux senteurs d’ailleurs. Un espace librairie, dans lequel les éditeurs indépendants sont les bienvenus. Des concerts aussi, ou plutôt une scène, ouverte à tous les arts. Quant aux murs, ils reçoivent des expos, et abritent des soirées-débats : la "résistance" de femmes marocaines, les nouvelles pratiques du journalisme, etc. La Passerelle est aussi un trait d’union vers les petits producteurs de l’autre bout du monde, dont les produits du commerce équitable ont aussi droit de cité ici.
Marie-José et Jean-François tombent sous le charme et se mettent à la recherche des financements indispensables. Objectif : parvenir à réunir la somme avant la fin janvier et devenir propriétaires des lieux après en avoir été locataires pendant deux ans. Le couple démarche et défend son projet. Frappe à la porte des Cigales - des financeurs de l’économie solidaire - mais aussi de Garrigue, société de capital-risque éthique, ou de la Nef, coopérative tournée vers ce type de projets. "C’est une période assez dure, reconnaît Jean-François Mathé, pendant laquelle il faut sans cesse prendre du temps pour défendre notre projet, et dans le même temps assurer l’activité quotidienne du lieu".
La mayonnaise a pris, puisque les agendas de rendez-vous culturels sont déjà pleins jusqu’au mois de mai ! "Ce lieu de vie essaie de ne pas mener une démarche trop commerciale, mais nous devons, dans le même temps rester réalistes et tenir compte des nécessités économiques". Dans quelques jours, la Passerelle devrait avoir bouclé son tour de table financier. Restera à l’équipe à rentabiliser son "outil de travail" et à pérenniser sa petite entreprise.
Bientôt 16h00. La Passerelle détend sa structure comme pour se préparer à l’ouverture. Dans quelques minutes, les portes laisseront la lumière pointer au cœur du patio. Jean-François, les yeux encore embrumés de la veille sourit devant cette nouvelle "journée qui s’avance". Son rêve a désormais de sérieux accents de réalité.
Allez voir le monde sous un autre angle depuis La Passerelle
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