https://www.terraeco.net/spip.php?article1203
Aurore et François : Un, deux, trois... soleil
jeudi, 16 décembre 2004 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Prénoms : Aurore et François
Age : 58 et 59 ans
Région : Nord-Pas-de-Calais
Situation : Chômeur et retraitée
Patrimoine : néant
Revenus mensuels :
- Retraite d’Aurore : 562 euros
- Congé fin d’activité de François : 1138 euros
- 716 euros à rembourser par mois

François et Aurore ont respectivement 58 et 59 ans. Le visage marqué par le cours accidenté de leur vie. Tout commence en 1996. L’un des fils d’Aurore, issu d’un premier mariage, se suicide. Il avait 24 ans. A l’époque, Aurore est employée de mairie et François, ouvrier. Uni depuis seulement un an, le couple accuse le coup. Il sombre dans la dépression, est mis en arrêt de travail pour longue maladie. Alors, "pour se changer les idées, on partait dans le sud une semaine par-ci, par là", explique Aurore. Le couple contracte ses premiers crédits. Avant d’en ouvrir d’autres pour éponger les premiers.

"Pas d’huissiers chez nous"

Dans les supermarchés, Aurore et François prennent des cartes leur ouvrant des comptes-achats affublés de taux compris entre 11 et 19%. "On n’avait pas l’habitude de se priver. Et puis, acheter c’était aussi pour se remonter le moral", justifie François. Très vite, ils sont submergés. Cantonnent leur alimentation à deux repas par jour. Vendent leurs vieilles nippes dans les brocantes. Quittent un un appartement dans les beaux quartiers pour un HLM. "Un jour je me suis rendue compte que je n’avais plus que 1,08 euro dans mon porte-monnaie", murmure Aurore.

Pourtant, le couple sauve les apparences. "On n’avait jamais de découvert à la banque, ni de retard de loyer et puis on versait des petites sommes aux maisons de crédit pour qu’elles patientent", confie François. "Les huissiers n’ont jamais mis les pieds chez nous", ajoute fièrement Aurore.

Dans les locaux de Cressus-Arianes une association spécialisée dans les problèmes liés au recouvrement de dette, ils ont confié leur histoire aux mains expertes d’un juriste. Sur son conseil, ils ont vendu leur camping-car et réduit leur dette à 119747 euros avant de soumettre leur dossier pour la deuxième fois à la Banque de France. Le tribunal a tranché : ils devront payer 716 euros par mois pendant dix ans. Ils sont soulagés. Au bout du tunnel, Aurore et François voient déjà se profiler les rivages méditerranéens. "Dès que François est à la retraite, dans un an, on part dans le sud. Quitte à payer, autant payer au soleil", sourit Aurore.

Les articles de notre dossier :

Le palmarès des plus petites fortunes de France

Quentin, apprenti rentier

Elena et ses recettes de grand-mère

Ulli et son cheval de bataille

Nathalie, seule contre tout


AUTRES IMAGES

JPEG - 16.5 ko
225 x 300 pixels