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Le palmarès des plus petites fortunes de France
jeudi, 16 décembre 2004
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». , / Toad |
Ils ne sont ni célèbres, ni chanceux, ni glamour... ni riches. Ils cachent dans les replis de leur mémoire des histoires extraordinaires... qui ne font pas rêver. Et des journées d’oisiveté... que personne n’envie. Ils s’appellent Ulli, Nathalie, Quentin, Aurore, François et Elena. A eux six et avec ceux qui composent leur foyer, ils touchent 3933 euros par mois, l’équivalent de trois Smic. Terra economica les a rencontrés pour tenter de comprendre ce que veut dire être pauvre en France.
Constat de départ : le dénuement progresse. Car si la maille étroite du seuil de pauvreté tient depuis quelques années la misère en respect, lui imposant une position stable voire régressive - 6, 1% en 2001 selon les dernières statistiques de l’Insee disponibles - ce grossier pinceau ne saurait suffire à brosser le portrait de l’indigence. D’autant que cette grille de lecture est, par définition, arbitraire. A preuve : le seuil de pauvreté européen se situe, lui, non pas à 50% mais à 60% du revenu médian. A travers le prisme européen il y aurait 12,4% de pauvres en France soit tout bonnement deux fois plus que les statistiques hexagonales n’en mentionnent ! Quid des 6,2% intermédiaires ? Sont-ils moins exclus, plus dispendieux que les autres ? Sans doute pas. Car le goût de la misère n’a pas la saveur aseptisée d’un calcul mathématique.
Ainsi, échapper à la précarité aujourd’hui, c’est aussi manger équilibré, aller au cinéma, au musée, partir en vacances. Ou encore se soustraire au regard accusateur de ses contemporains. "Une enquête l’a révélé en 2002 : la majorité des Français [56%, ndlr] estiment que si des personnes sont sans travail, c’est leur faute", rappelle Philippe Mével, d’ATD Quart-Monde. Les statistiques elles-mêmes prennent en compte désormais la "pauvreté" des conditions de vie en mesurant les difficultés ressenties dans 27 dimensions du quotidien, regroupées en quatre domaines : contraintes budgétaires, restrictions de consommation, retards de paiement, difficultés quotidiennes.
Il y a aussi les jeunes mères oubliées des statistiques nationales parce qu’elles ont posé leurs valises au plancher des foyers. Les surendettés, dont les troupes ne cessent de grossir avec la diversification des outils de crédit. Enfin, les exploitants et les salariés agricoles - 24000 d’entre eux pointent au RMI (soit 2% de l’ensemble des bénéficiaires) - et les enfants... "Vous ratez une marche, vous dévalez l’escalier. Peu importe la marche où vous vous situez", assure Christophe Auxerre. Or, vivre dans la précarité aujourd’hui se décline d’abord au quotidien. C’est pour éclairer le spectre de cette réalité fragile et douloureuse, angoissante et riche que nous avons choisi de livrer cinq portraits, cinq bribes d’histoires. Ni statistique, ni scientifique, notre petit tour d’horizon n’a pas vocation à l’exclusivité. Il tente simplement de répondre à la question : que signifie être pauvre en France aujourd’hui ?
Elena et ses recettes de grand-mère
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