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Étiquettes à lire et à boire
mercredi, 25 août 2010 / Frédéric Ville

Les bouteilles de vin se parent d’étiquettes chatoyantes et parfois très bavardes. Mais quelles informations sont utiles à décrypter avant d’acheter ? Leçons en trois exemples.

Mais que se cache-t-il vraiment dans votre bouteille de vin ? Impossible aujourd’hui de le savoir avec précision, car l’étiquetage des ingrédients n’est pas obligatoire pour le pinard. Le 16 juin dernier, le Parlement européen a même maintenu cette exception pour encore – au moins – cinq ans. Ce fut un échec pour les pays du Nord et de l’Est de l’Europe qui défendaient cet affichage pour des raisons d’information et de santé notamment.

Alexandre Imbert, de la Confédération nationale des appellations d’origine controlée (Cnaoc), reste circonspect concernant les contours de cette future – et hypothétique – étiquette : « Indiquerait-on 100 % des ingrédients ou seulement ceux qui sont majoritaires ? Et à quoi cela servirait-il de faire peur au consommateur avec des mots comme “acide tartrique”, à moins d’expliquer que celui-ci est naturellement présent dans le vin ? » Ce dernier est un mélange de composés naturels, d’éléments ajoutés – naturels et inoffensifs – et, enfin, d’ingrédients chimiques ou élaborés (soufre, enzymes, sucres, levures aromatiques…). Ce sont ces derniers, ou parfois leur mauvais dosage, qui nécessiteraient un peu de transparence.

Apprenez à lire entre les lignes

Mais alors que nous apprend aujourd’hui la lecture d’une étiquette de bouteille de vin ? Ce n’est pas non plus la jungle, car elle est réglementée. Elle porte des mentions obligatoires comme l’appellation, l’embouteilleur, sa localisation géographique, le degré d’alcool, le logo d’avertissement pour les femmes enceintes (1) ou encore la mention « contient des sulfites » à partir de 10 mg/litre. Et d’autres facultatives, telles que le millésime, le cépage, la médaille… Terra eco propose, en trois leçons, d’apprendre à lire entre ces lignes… en attendant l’étiquetage obligatoire des ingrédients. —

Les Jardins d’Oriane : vin de Pays d’Oc (2008)

Prix 2,99 euros

Etiquette Le soin apporté aux étiquettes, la qualité du papier et de la capsule (aluminium) rassurent.

Texte Le logo AB garantit le respect du règlement de l’Union européenne et la certification par un organisme de contrôle, Ecocert en l’occurrence. La mention – facultative – « Sud de France » ou les commentaires de la contre-étiquette, comme « vue splendide sur les vignes du Languedoc », « parfums de la garrigue environnante » ou arômes de « fruits rouges frais » sont un peu passe-partout.

Verdict Ce vin n’est pas bio, car il n’existe pas aujourd’hui de méthode d’élaboration des vins en cave reconnu comme biologique. En revanche, ses raisins le sont : ils ont été cultivés sans pesticides ni engrais de synthèse, sur une exploitation qui pratique ces méthodes depuis au moins trois ans.

Les Moineries : muscadet (2007)

Prix 8 euros.

Etiquette Elle est moderne, épurée, recherchée.

Texte La contre-étiquette est très précise sur le travail du vigneron : « une sélection parcellaire d’une vigne âgée de plus de 70 ans », Minéralité, Matière et Maturité mises en avant avec de grands M, « récolte manuelle », « fermentation par les levures indigènes », « mise en bouteille le 2 juin 2008 ».

Verdict La précision sur la « sélection parcellaire » est importante car les vins sont souvent des assemblages de vignes plus jeunes. La récolte manuelle peut faire espérer un tri soigné. Et la fermentation s’effectue sans apport de levures sélectionnées.

Riesling Altenberg de Bergheim : Alsace (2002)

Prix 38 euros.

Etiquette Graphisme épuré et classique, filets dorés, collerette sous la capsule.

Texte Alsace grand cru : c’est une appellation haut de gamme. Riesling : c’est le cépage. La contre-étiquette décrit le terroir en des termes précis : « calcaires du jurassique, marnes du Keuper, grès rose primaire », « possibilité d’enracinement très profond », « micro-climat lumineux et très chaud », « maturités extrêmes ».

Verdict La grande classe ! Jean-Michel Deiss travaille en biodynamie sans le dire. La plupart des vignerons qui pratiquent la biodynamie l’affichent par le biais de la marque privée Demeter, créée en France en 1979 (plus rarement par la marque Biodyvin). Les principes sont ceux de l’agriculture biologique avec en plus la prise en compte des influences cosmiques (lune, soleil…), des calendriers de semis très précis, l’utilisation de préparation à base de corne de vache, orties ou silice pour soigner et enrichir le sol et les plantes.

(1) Obligatoire pour les vins étiquetés après octobre 2007.


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