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Des objets pour les 2 à 99 ans
lundi, 9 août 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

En France, il y a des enfants, des séniors, des handicapés. Comment faire des objets manipulables par tous ? Réponse avec trois exemples phares de design universel.

La France vieillit. Et oui, ma bonne dame. Et affiche une espérance de vie moyenne de plus de 80 ans depuis 2004. En 2035, au moins 20,9 millions de sexagénaires devraient vivre sur le sol de l’Hexagone. Mais notre vieille patrie n’en a pas pour autant fini de faire des bébés. Avec ses près de 2,1 bambins par femme, elle est championne d’Europe dans la course aux berceaux. Entre une armée de seniors et une vague de mioches, comment la société peut-elle s’adapter à tous ? Et aussi aux aveugles, aux sourds, aux invalides ? Les experts ont la solution : le design universel. Une formule magique qui permet de concevoir des objets utilisables à tous les âges et par tous. Dans un rapport, « Vivre ensemble plus longtemps » remis à Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, le Centre d’analyse stratégique préconise de « sensibiliser les PME au “design universel” pour concevoir des produits utilisables facilement par tous, en favorisant la création de centres d’expérimentation afin de vérifier la compatibilité des produits pour les personnes âgées et handicapées ». Evidemment l’idée ne date pas d’hier. Et les PME pourraient bien s’inspirer de certains exemples pas tombés de la dernière pluie.

- Le velcro :

On enlève, on remet, on enlève, on remet. Combien de fois, tout gosse, avez-vous joué avec les velcros de vos chaussures ? Jusqu’à en épuiser l’adhésion. Mais le principe de cette bande auto-agrippante n’est pas utile qu’aux mioches incapables de lacer leur chaussures. Il est aussi très utilisé par les fabricants de vêtements pour les handicapés qui peinent à utiliser boutons et fermetures éclair. Pour les seniors, aux mains parfois tremblantes, le velcro est aussi plus maniable.

Son histoire : En 1941, un ingénieur suisse, Georges de Mestral, de retour de promenade, peine à enlever les fleurs de bardane accrochées au bas de son pantalon. En les examinant, il découvre qu’elles sont pourvues de crochets et de boucles qui s’agrippent et se détachent à l’envie. Il reproduit le principe avec du nylon et brevète son idée en 1955. Le Velcro connut son premier succès auprès de la Nasa qui l’utilise sur ses combinaisons spatiales et pour fixer des objets en apesanteur.

- Les bus à plancher bas :

Quand le bus s’approche d’un arrêt de bus, il penche vers le trottoir. Ainsi incliné, il permet aux personnes âgées munies d’une canne mais aussi aux parents encombrés de poussettes de grimper à bord sans trop d’acrobaties. Pour les handicapés en fauteuil roulant, une rampe amovible peut être activée par le chauffeur et former une passerelle entre trottoir et véhicule.

Son histoire :

En 1988, l’Américain Bela Botar dépose un brevet et invente l’« autobus à plancher bas et moteur installé verticalement ». La technique est complexe mais le résultat probant. Car jusqu’ici, « le plancher des bus atteignait au minimum 32 pouces [81,28 centimètres] ce qui exige deux marches pour que les passagers montent dans le bus depuis la rue », souligne le brevet. Certes, quelques inventions comme des escaliers rétractables pour hisser les handicapés ont bien été imaginés mais ils sont souvent jugés trop chers et trop complexes. En France, le bus à plancher surbaissé (l’Acces bus GX 317 du constructeur Heuliez) débarque en 1994. Depuis 1998, en région parisienne, tous les nouveaux bus de la RATP sont équipés de planchers bas et de plate-formes rétractables pour les utilisateurs de fauteuil roulant. Les bus de ce type sont aussi monnaie courante en Grande Bretagne, au Canada, en Inde ou encore au Japon.

- La paille pliable :

Pas besoin de bouger le corps de votre serviette de plage, une simple montée du cou vous permet de siroter votre cannette allongé. La paille pliable, c’est aussi pratique pour les enfants qui ne savent pas boire à la bouteille que pour les malades des hôpitaux qui doivent rester alités. La paille réduit ainsi le risque d’étouffement.

Son histoire

La paille à boire ne date pas d’hier. A l’origine, elle était une simple tige de seigle naturellement creuse mais donnait à la boisson un arrière-goût d’herbe peu agréable. Marvin Stone, un industriel américain, inventa donc en 1888 la première paille artificielle en papier et paraffine. Bien mais pas suffisant. Cinquante ans plus tard, Joseph Friedman, assista au spectacle d’une fillette buvant péniblement un soda à la paille. C’est alors qu’il inventa la paille pliable, soit un tube doté d’une partie en accordéon. Il déposa le brevet en 1937 avant de produire la paille industriellement à la fin des années 1940. D’abord destinée aux enfants, la paille fit son entrée à l’hôpital en 1949.

- Le [rapport « Vivre ensemble plus longtemps » : http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pd...]
- Quelques objets-phares de design universel
- Le brevet du Velcro
- Le brevet du bus à plancher bas
- La paille flexible sur le site du Lemelson Center


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