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Restrictions d’eau : comment ça marche ?
mardi, 27 juillet 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Interdit de remplir sa piscine, d’arroser sa pelouse. Chaque année, les restrictions d’eau débarquent au tournant de l’été. Mais comment sont-elles décidées et par qui ? Et sont-elles vouées à se multiplier avec le changement climatique.

26 juillet. 32 départements français se serrent la ceinture hydrique. Ici, on interdit d’arroser dans la journée, de remplir les piscines ou de laver son véhicule. Pour quelques localités, aux cours d’eau particulièrement assoiffés, l’eau est réservée à l’alimentation, à la salubrité ou aux animaux. Mais certains s’interrogent sur les méthodes utilisées. Dans le quotidien régional L’Union diffusé en Champagne-Ardenne et en Picardie, les jardiniers amateurs se plaignent d’une interdiction d’arroser carottes et choux à certaines heures de la journée. Tandis que les systèmes d’irrigation fonctionnent en continu dans les champs. « On n’arrose pas un jardin comme on arrose une parcelle agricole. Avec les canons à eau dont nous disposons dans le département, il nous faut, en moyenne, 7 jours non-stop pour irriguer 30 ha », justifie Christophe Compère, président des irrigants de l’Aisne. « Cela veut dire que lorsqu’on arrose à un endroit donné, on n’y reviendra pas avant une semaine », traduit le journal.

Pis. Les caprices de météo laissent parfois les habitants pantois. En 2008, 25 départements prenaient des mesures de limitation d’usage de l’eau et pourtant, l’été avait été pluvieux. Pourquoi ? Parce que la sécheresse est un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît. « Il y a deux sortes de pluies. De septembre à avril, ce sont des pluies efficaces qui remplissent les nappes et constituent les réserves. D’avril à septembre, les pluies ne servent qu’à arroser la végétation et s’évaporent. Si la situation est défavorable au départ, un été pluvieux ne sert qu’à masquer un peu le déficit », décryptait l’an dernier à Terra eco Jean-Claude Vial, adjoint à la direction de l’eau et de la biodiversité au ministère de l’Environnement.

Pas d’affolement cette année

Pour préserver l’équilibre naturel et les ressources hydriques, au préfet d’intervenir. Dès qu’un cours d’eau approche son niveau de référence le plus bas (atteint par exemple en 1976), la mécanique se met en place. Le fonctionnaire réunit un comité sécheresse regroupant maires, agriculteurs ou encore industriels et décide des mesures à prendre. « En 2003, la sécheresse a frappé d’un coup. Certains départements ont alors dû instaurer brutalement des mesures de restriction dans des régions – le Nord notamment – qui n’y étaient pas habituées », soulignait M. Vial.

Mais pas d’affolement cette année. L’alerte est moins forte qu’en 2003 et 2005. Là, une carte teintée de rouge révélait près de 70 départements touchés par des restrictions d’usage. La sécheresse est même, pour le moment, moins importante qu’en 2009, qui « n’était pas une grande année de sécheresse et correspond à une référence à peu près moyenne », a précisé ce lundi Hervé Brulé, directeur de projet à la direction de l’eau et de la biodiversité. L’an passé, 35 départements avaient été touchés par des restrictions d’eau. Seule différence cette année : le Sud-Est est relativement préservé tandis que le Nord-Ouest est plus sec qu’à l’habitude. Et sur la longue durée ? « Il est encore difficile de savoir si nous sommes entrés ou non dans le changement climatique. En ce moment, nous sommes dans une période plutôt plus humide mais il est encore difficile de tirer des conclusions », expliquait encore prudemment Jean-Claude Vial en 2009.

- Le site du ministère de l’Environnement
- Le site d’Eau France