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Et pourtant, ils rient...
jeudi, 2 décembre 2004 / Hélène KOHL , / Toad

Les études semblent le confirmer : les Berlinois abordent l’avenir avec confiance. Malgré ou... grâce à leur situation économique modeste.

17% de chômeurs. 460000 allocataires de l’aide sociale. Une croissance en berne. Des dettes exorbitantes. Et un moral d’acier ! Selon une étude de la société d’assurance R+V, qui évalue et analyse chaque année depuis 1991 les peurs des Allemands, les Berlinois sont, après les habitants de la Hesse, les moins angoissés du pays. Les appréhensions d’origine économique et sociale sont particulièrement à la baisse. Ainsi, jamais depuis 1993, les Berlinois n’ont considéré la probabilité de perdre leur emploi avec autant de sérénité. Par rapport à l’année précédente, cette peur est passée de la deuxième à la huitième place.

Christian Lüdke, le psychologue de R+V qui a chapeauté l’étude, y voit une forme de fatalisme : "Quand on n’a plus rien, on ne craint plus de perdre ! Il est assez fréquent que le sentiment de peur chute quand la situation ne s’améliore pas. Par ailleurs, quand on a appris à surmonter ces angoisses une fois, on sait le faire à d’autres reprises." Berlin au XXe siècle a connu une histoire agitée : ses habitants ont traversé des moments difficiles - en somme, aujourd’hui, la misère ne les impressionne plus.

Bonheur en trompe l’oeil

Alors, heureux les Berlinois ? Incontestablement, il flotte dans la ville comme un parfum de légèreté. Pas d’argent pour prendre les transports en commun ? Udo, 38 ans : "Vingt minutes de vélo le matin, vingt minutes le soir, cela n’a jamais fait de mal à personne !". Même sur un engin tout rouillé : "Comme ça on ne me le vole pas !". Pas de vacances d’été cette année ? Anja, mère de famille : "Avec les enfants, on a testé tous les lacs de Berlin. Savez-vous que c’est la capitale européenne avec le plus de kilomètres de plage ?" Même les SDF dans un centre d’hébergement : "Je ne me plains pas. Berlin a beaucoup de structures d’accueil." Berlin positive, Berlin ironise aussi. Un des bars les plus à la mode actuellement s’appelle "le club des losers polonais". Cette bonne humeur ne doit cependant pas être un leurre. Ici, on divorce plus que partout ailleurs. Le nombre d’enfants par femme est légèrement inférieur à la moyenne nationale. Les statistiques des suicides, légèrement supérieures.

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