https://www.terraeco.net/spip.php?article11503
|
Le recyclage des déchets nucléaires pour les nuls
mardi, 13 juillet 2010
/ Julien Vinzent / Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco. |
Après la polémique autour de l’exportation de matières radioactives en Russie, Jean-Louis Borloo avait demandé à y voir plus clair sur le chemin de l’uranium. « Terra eco » décrypte pour vous le rapport qui vient de lui être remis.
Pour faire marcher les réacteurs nucléaires, c’est comme pour votre poêle à bois, il faut du combustible. Vu qu’il ne brûle pas, mais se transforme, au bout de trois ans, il est considéré comme usé. Mais tout n’est pas perdu : il contient encore « 94 à 95 % d’uranium et 1 % de plutonium, tous deux recyclables en combustible “neuf” », nous explique toujours Areva sur son site. Ce qui permet « d’économiser les ressources en uranium naturel et de réduire le volume et la toxicité des déchets ultimes ». Une source énergie à 96% recyclable : voilà de quoi relativiser le problème des déchets radioactifs.
Présenté en début de semaine, il pourrait se résumer à un chiffre : 12%. C’est la proportion de combustible recyclé qui entre dans les centrales françaises. A partir des chiffres auxquels elles ont pu accéder, plusieurs associations qui ont participé aux travaux [1] ont fait leur propre calcul du « taux de recyclage de la matière première, à savoir l’uranium naturel » et parviennent au résultat suivant : 1,7% de ce qui entre au tout début de la chaîne serait effectivement réutilisé à la sortie.
Autant dire que les associations doutent de la crédibilité de cette perspective « alors même que l’efficacité, la sûreté et la compétitivité de la technologie visée ne sont pas démontrées, et que le processus d’évaluation et de décision politique préalable à un tel déploiement n’en est qu’à ses balbutiements », explique-t-elle dans un communiqué commun.
Les associations dénoncent « la tautologie » qui veut que « la perspective de la 4e génération doit être crédible pour justifier l’accumulation de matières “valorisables” sans emploi, qui à son tour rend nécessaire la mise en œuvre de la 4e génération et ne permet donc pas de douter de sa réalité. » Elles rappellent aussi que « le même discours sur les surgénérateurs » avait « conduit à mettre en place une industrie du plutonium pour un futur “cycle” de réutilisation massive qui ne s’est pas concrétisé ».