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« Le conducteur de demain ne sera plus propriétaire de son véhicule »
lundi, 2 août 2010 / Julien Vinzent /

Journaliste, collaborateur régulier pour Terra eco.

Construire des voitures plus propres, d’accord. Mais développer de nouvelles manières de les utiliser, c’est mieux. Serge Grégory, vice-président du pôle de compétitivité spécialisé dans les transports Mov’eo, nous projette dans la mobilité du futur.

Terra eco : Comment notre usage de la voiture va-t-il changer ?

Serge Grégory : « Aujourd’hui, 80% des déplacements se font en voiture en France. De plus, les besoins de mobilité vont croissant et a priori cela ne devrait pas s’arrêter. Mais nous sommes peut-être à l’aube d’une rupture. Le consommateur ne sera plus forcément propriétaire du véhicule, mais aura plutôt tendance à acheter des “briques de mobilité”. C’est-à-dire à utiliser le moyen le plus approprié – l’autopartage, les transports en commun, une location de véhicule – compte tenu de ses besoins et du territoire sur lequel il se trouve. »

En quoi le territoire peut-il jouer ?

« En ville et encore plus en centre-ville, il est certain qu’une préférence doit être accordée aux transports en commun. Au-delà des bus, les taxis aussi peuvent devenir collectifs. Même si pour des raisons culturelles, je ne pense pas que l’on puisse faire comme en Iran ou en Turquie et crier au chauffeur où l’on veut aller, pour qu’il s’arrête ou non… J’imagine plutôt des services de transport à la demande où l’on vient chercher plusieurs personnes qui sont dans la même zone. Je pense que compte tenu des évolutions des réglementations, les véhicules propres y seront prédominants. En périphérie, on devrait avoir une cohabitation entre voiture individuelle et transports en commun pour les déplacements vers le centre. C’est aussi le cœur de la gestion multi-modale, où les systèmes d’information seront très importants pour apporter au voyageur les choix qui s’offrent à lui. Pour le milieu rural, la voiture restera la référence. Et en inter-urbain, pour des distances de 200 à 600 kilomètres, on peut avoir un maillage entre le train et le véhicule en bout de ligne. »

C’est-à-dire ?

« Si je suis à Paris avec une maison dans le Gard, j’ai tout intérêt à prendre le TGV. Même si j’ai besoin d’une voiture là-bas : je peux passer par les services de mobilité que proposeront les loueurs, mais aussi les opérateurs de transport, voire les constructeurs, qui ne se contenteront plus de fabriquer. C’est le cas de « Mu by Peugeot », qui permet de louer une voiture, un vélo, un scooter. Souvenez-vous aussi de Smart à son lancement qui proposait aux acheteurs de disposer d’une Mercedes pendant un mois par an. Le problème, c’est que tout le monde les demandait en même temps… Mais les réflexions de ce style sont intéressantes. Vous pouvez aussi être propriétaire d’un véhicule pour les grands déplacements et passer par un abonnement en zone urbaine. »

Au-delà de la motorisation, en quoi nos voitures peuvent-elles changer physiquement ?

« Aujourd’hui, les constructeurs font plus ou moins des véhicules à tout faire, car vous utilisez toujours le même, à moins d’en avoir deux par foyer. Demain, le véhicule urbain n’aura pas forcément les mêmes caractéristiques. Comme on sait que l’on est limité à 90 km/h, on peut mettre en circulation un véhicule plus léger qui consommera moins. Par exemple des quadricycles sans permis avec une vitesse limitée à 50 km/h ou bien des véhicules adaptables avec au choix six places ou un siège et de la place pour les marchandises. »

- Le site du pôle de compétitivité Mov’éo