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« L’objectif de la fondation Allègre est la désinformation massive »
mercredi, 7 juillet 2010 / Corinne Lepage /

Avocate, ancien Ministre de l’Environnement, Présidente de Cap21.

Par Corinne Lepage, Avocate, ancien Ministre de l’Environnement, Présidente de Cap21.

« Claude Allègre lance une fondation qui dit vouloir promouvoir une autre écologie et cherche ses financements auprès des grands groupes industriels.

Tout d’abord, pourquoi ? Certainement pas pour promouvoir un débat scientifique pour lequel il s’est définitivement disqualifié, comme le démontre l’ouvrage intitulé l’Imposteur, c’est lui et la pétition de 400 scientifiques établissant les mensonges et erreurs volontaires de son best seller.

Cette fondation a pour objectif d’organiser la désinformation de manière plus massive. Elle permettra d’introduire en France ce que Exxon a su si bien faire aux États-Unis en finançant des think tank destinés à créer le doute sur le changement climatique et non à accroître les connaissances. Le recours au mot écologie dans le nom de cette fondation venant d’un tel adversaire de l’écologie à la limite du délire, illustre cette volonté affichée de jeter le trouble. Il s’agit pour moi d’un greenwashing des idées les plus conservatrices, destinées à permettre le maintien le plus longtemps possible de la société du pétrole et des intérêts économiques qui vont avec.

Or, quand on mesure le poids croissant des lobbys dans la société contemporaine, on ne peut qu’être inquiet de voir ainsi s’institutionnaliser en France une fondation dont l’objectif inavoué sera de détruire tous les efforts entrepris par le monde de la consommation et de l’environnement et qui rencontrent tant de difficultés à se concrétiser.

Dès lors, l’essentiel est d’exiger la transparence tout d’abord en refusant d’appeler cette fondation si elle voit le jour autrement que la fondation Allègre, et ce, quels que soient les noms de fantaisie qu’elle se donne.

Ensuite, en exigeant la publicité sur les donateurs de la fondation. Il faut que les sponsors de Claude Allègre se fassent connaître pour que les citoyens consommateurs puissent être informés et décident par leurs actes de consommation s’ils souhaitent ou non financer la Fondation Allègre. Le contribuable le fera obligatoirement déjà grâce au jeu des déductions fiscales ; le consommateur, lui, peut choisir. Ainsi, les entreprises sponsors de la fondation devront elles prendre la responsabilité de financer, vis-à-vis de leurs clients, de leurs actionnaires et en justifier dans leur rapport de développement durable par exemple. Le feront elles ?

L’avenir le dira, mais il est clair que la mobilisation du monde associatif, en particulier celui qui travaille en bonne intelligence avec les entreprises, est indispensable pour que cette fondation naisse dans la transparence et non dans le camouflage, qu’il s’agisse de son nom, de ses financiers ou de ses objectifs. »