https://www.terraeco.net/spip.php?article11217
Le Giec fait peau neuve
vendredi, 25 juin 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat avait besoin de sang frais. C’est chose faite puisqu’il vient de dévoiler les noms des quelque 830 scientifiques qui plancheront sur le prochain rapport.

Ce n’est pas la liste des lauréats des Oscars mais presque. Sur les 3 000 candidatures, ils sont 831 (heureux) élus soit quasiment le double de matière grise par rapport au dernier travail bouclé en 2007. Cette année, l’organisme a voulu donner plus de place au Sud. 30% de ses auteurs ou réviseurs s’activent dans les labos de pays en voie de développement ou d’économies en transition, assure le Giec (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). Plus de place aussi pour les femmes qui gonflent désormais 27% des rangs.

Du changement et encore du changement. Pour cette nouvelle mouture de son rapport, le Giec a voulu du « sang neuf. 69% des personnes sélectionnées sont nouvelles au Giec », souligne Isabel Garcia-Gill, du service de presse. L’occasion de faire table rase du passé ? Il y a quelques temps, des critiques avaient pointé du doigt quelques erreurs dans le rapport de 2007. Pour Isabel Garcia-Gill, c’est surtout le signe « d’un intérêt grandissant des gouvernements et des scientifiques sur les questions climatiques »

Pour y voir un peu plus clair dans ce foisonnement de cerveaux, zoomons sur les 34 experts qui travaillent en France (contre 22 en 2007), dont 30 de nationalité française. 16 personnes bûcheront dans le groupe 1 (fonctionnement physique du climat), 10 dans le groupe 2 (impacts et adaptation) et 8 dans le groupe 3 qui devra se concentrer sur les moyens d’atténuer ce réchauffement. Evidemment le premier groupe fait la part belle aux climatologues de tous poils et aux météorologues. Tandis que la faune des deux autres est plus bigarrée. On y trouve des spécialistes de la biodiversité, des économistes ou encore une anthropologue. Pas vraiment de parité côté français, puisque 25 hommes s’installeront aux tables de réunion contre 7 femmes.

- Les vieux de la vieille :

Il y a les climatologues comme Hervé Le Treut, Jean Jouzel ou Sylvie Joussaume. Déjà auteurs ou réviseurs lors du dernier rapport (et parfois des précédents), ils sont 14 à rempiler pour un tour. Certains ont gagné en responsabilité.

- Valérie Masson-Delmotte (paléoclimatologue) et Philippe Ciais (climatologue) :

Imitant leur collègue Hervé Le Treut en 2007, ces deux-là sont passés « CLA ». Comprenez « rédacteur en chef » de leur chapitre respectif, l’un sur le paléoclimat, l’autre sur le cycle du carbone. Ce dernier est un « chapitre d’une importance capitale. Je ne veux pas dire qu’ils ne le sont pas tous. Mais celui-ci fait partie des chapitres lourds », souligne Nicolas Bériot, chargé du recrutement des experts français pour le Giec. Hervé Le Treut, lui, a préféré évité le poste cette année : « C’est beaucoup de travail », explique-t-il simplement.

- Les p’tits nouveaux :

20 nouvelles têtes font leur apparition dans le top bleu-blanc-rouge. « Dans le groupe 1, on retrouve souvent les mêmes. La nouveauté est surtout dans les groupes 2 et 3. Il y a de nouvelles personnes mais surtout la participation de nouveaux laboratoires ou instituts. Il y a aussi de véritables poids lourds dans les domaines de la biodiversité ou de la glaciologie, des directeurs de labos. Il me semble que la communauté scientifique française s’implique davantage dans les questions de climat », souligne Hervé Le Treut.

- Annamaria Lammel (anthropologue) : « Elle est spécialisée dans les thématiques d’adaptation. Elle va se placer d’un point de vue cogniticien. C’est assez nouveau », souligne Nicolas Bériot.

- Jean-Pierre Gatusso (océanographe) : « C’est un spécialiste de l’acidification des océans. Ce n’est pas un thème complètement nouveau mais qui prend de plus en plus d’importance. Il y a de plus en plus de publications sur le sujet ces dernières années », souligne Nicolas Bériot