https://www.terraeco.net/spip.php?article11164
Pour un principe de précaution climatique
jeudi, 24 juin 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

L’épidémie de grippe H1N1 est déjà loin derrière nous. Il en reste quelques traces, notamment dans les contrats de commande de vaccins passés par l’Etat aux laboratoires pharmaceutiques. Pour le reste, RAS. Les critiques sur l’opportunité de ces dépenses considérables avaient été jugées comme une « polémique ridicule », par les membres du gouvernement qui, ministre de la Santé en tête, défendaient par là même le principe de précaution. Soit.

Mercredi 23 juin, la Commission européenne a repoussé sine die tout projet de taxe carbone à l’intérieur des frontières de l’Union. Pas de rapport évident entre ces deux histoires, me direz-vous. Au contraire. Refuser de taxer les émissions de carbone revient à nier l’existence d’un mur qui se rapproche à vue d’œil et contre lequel nos sociétés se précipitent dans une belle harmonie. Y aurait-il deux poids, deux mesures ?

On connaît le coût de l’inaction en matière de lutte contre le changement climatique grâce au rapport de l’économiste [1] Nicholas Stern. Cette donnée fondamentale n’est-elle pas suffisante pour inscrire le principe de précaution climatique au sommet des normes juridiques ?

L’Union européenne argue des différends entre ses Etats membres pour remettre à plus tard sa décision. Derrière ce grand courage qui conforte sans doute le recul du gouvernement effectué il y a quelques semaines, se cache une grande trouille. Un principe de précaution climatique serait paralysant pour nos économies, il tuerait dans l’œuf tout progrès, et amputerait immanquablement la croissance. Une taxe carbone, outil basique de transition vers une civilisation plus neutre vis-à-vis du climat, serait l’un des premiers signes de cette mutation.

Mais pas de chance, la crise économique est passée par là. Les entreprises d’abord ! Pour la planète, on attendra.