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Le syndrome BP
mardi, 15 juin 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

C’est une histoire sans fin. La catastrophe de la marée noire en Louisiane, au-delà des millions de barils de pétrole déversés, de la biodiversité massacrée et des dollars évaporés, rappelle presque deux mois après son déclenchement l’absurdité de notre système. En vain, depuis le 20 avril, l’homme tente de boucher un trou par tous les moyens possibles et imaginables. Et par ce puits, la nature nous rejette au visage le pétrole empoisonné dont nos civilisations se nourrissent et dont la consommation à outrance nous pousse chaque jour davantage au bord du gouffre. La scène en serait hilarante si elle n’était tragique.

Alors, bien sur, il faut réparer l’erreur et fermer cette « vanne » au plus vite. Mais la question essentielle sera-t-elle posée ? L’homme, pour satisfaire ses désirs d’accumulation, de vitesse et de bonheur sans limite a voulu croire, et veut croire encore, qu’il peut s’affranchir de son environnement. L’homme et le système économique capitaliste qu’il a inventé pourraient ainsi puiser sans fin dans les ressources naturelles, dans le vivant, sans menace, ni risque aucun.

Il s’agit évidemment d’une erreur fondamentale. L’homme et l’environnement ne cohabitent pas. Ils ne font qu’un. Il existe 6 000 plateformes pétrolières offshore sur la planète. Et chaque jour qui passe pousse notre espèce à chercher plus loin, plus profond, le carburant de notre « consommationnite ». Le génie humain aujourd’hui encore, et malgré les alertes répétées, reste très largement dédié à la satisfaction de nos désirs, quand il faudrait d’urgence modifier le cap.

Le procès de BP qui s’ouvrira – forcément – un jour sera anecdotique. C’est le procès d’une espèce coupable de génocide contre le vivant qu’il faut d’ores et déjà programmer. En aurons-nous seulement le temps ?