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Belgique : la fracture est-elle aussi écologique ?
lundi, 14 juin 2010 / Julien Kostrèche

La victoire des séparatistes en Flandre le 13 juin renforce l’incertitude sur l’avenir du pays. L’écologie est-t-elle un sujet de fâcherie supplémentaire entre Wallons et Flamands ou permettra-t-elle un rapprochement entre communautés ? Question posée à Pascal Delwit, politologue belge, professeur à l’université libre de Bruxelles.

Terra eco : L’écologie a-t-elle réussi à se faire une petite place dans une campagne électorale logiquement dominée par les dissensions entre Wallons et Flamands ?

Pascal Delwit : « Lors des dernières élections européennes en 2009, l’écologie avait toute sa place dans le débat, portée par des problématiques comme le réchauffement climatique, le nucléaire ou les énergies renouvelables. Il est vrai que nous étions à la veille de la conférence de Copenhague sur le climat. En 2010, les débats ont essentiellement porté sur la réforme des institutions belges. Les questions d’environnement ont été peu présentes. On a tout juste eu droit à un petit débat sur la loi sur la sortie du nucléaire, pour décider de son application immédiate ou de son report éventuel, et de son impact budgétaire. Ni les Ecolo (le parti vert francophone, ndlr) ni les Groen (le parti vert néerlandophone, ndlr) n’ont réussi à inscrire les grandes questions écologiques à l’agenda pendant la campagne. »

Quel poids pèsent aujourd’hui les partis écologistes belges ?

« En 2009, les écologistes avaient réussi une belle percée. Cette année, ils sont revenus au niveau des élections de 2007. Groen réalise environ 7% et obtient 5 sièges parlementaires tandis qu’Ecolo atteint 14 % et décroche 8 sièges. Au total le groupe vert occupe 1/11e des sièges. Il va jouer un rôle important dans les débats institutionnels sur l’avenir de la Belgique. Contrairement aux autres, c’est une famille politique où Wallons et Flamands se parlent, où l’on sait travailler ensemble. Les ponts entre les communautés, à l’intérieur du parti et surtout au sein des mouvements de jeunesse qui le soutiennent, sont nombreux. C’est un atout véritable pour les écologistes belges dans la situation actuelle du pays. »

Existe-t-il une fracture écologique entre la région wallonne, post-industrielle, et la région flamande que l’on imagine plus proche culturellement et économiquement des Pays-Bas ?

« Côté néerlandophone, dans une région densément peuplée qui compte 6 millions d’habitants, on porte une attention très forte à l’aménagement du territoire. On peut se montrer très sourcilleux sur ces questions-là, comme sur le nombre d’arbres abattus par exemple. Dans le plat pays, on est sensible au vélo aussi. Mais globalement, il n’y a pas une fibre écologique comme en Hollande. Du côté des entreprises, on y est même réticent. Le tissu économique est formé de petites et moyennes entreprises et reste dominé par les secteurs de la sidérurgie, l’automobile ou la logistique (transports routiers), qui ne sont pas les plus actifs en matière de protection de l’environnement où de lutte contre les émissions de CO2. Côté francophone, culturellement, on en plus enclin à l’écologie. Et cela se traduit dans les politiques publiques menées, comme sur l’isolation des bâtiments ou le développement du photovoltaïque. »

Pour autant, existe-t-il de grandes questions écologiques qui opposent les communautés belges ?

« Quand un débat surgit, comme c’est actuellement le cas sur les quotas de CO2 de la Belgique, il est, de manière très classique, lié au partage. La question est toujours de savoir si on doit diviser en deux ou en trois, entre la région de Bruxelles, la Wallonie et la Flandre. Il y a a aussi de nombreuses réflexions sur les transports, les réseaux autoroutiers, la place de l’automobile, les limitations de vitesse… Mais dans l’ensemble, entre les communautés, il n’existe pas de grands désaccords sur le thème de l’écologie. »

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