La passe d’armes entre Europe Ecologie (EE) et les Verts la semaine passée révèle un autre enjeu, crucial celui-là. Quelle nuance de vert les écolos français proposeront-ils à l’élection présidentielle de 2012 ? S’agira-t-il d’un vert clair inspiré par la social-démocratie, ou bien d’un vert plus prononcé défendu par la gauche ?

Dans le premier cas, c’est Europe Ecologie, guidé par Daniel Cohn-Bendit et incarné vraisemblablement par l’ancienne juge Eva Joly, qui avancera ses pions. Dans le second, c’est l’actuelle secrétaire nationale des Verts – Cécile Duflot – qui mènera la bataille. Derrière ce choix, ce sont aussi deux préférences qui s’affrontent. Celle d’une candidature PS à la présidentielle de Dominique Strauss-Kahn, désirée par EE, contre celle de Martine Aubry, défendue par les Verts.

La sortie sans nuances du faux tendre Jean-Vincent Placé (1), secrétaire national adjoint des Verts, contre Eva Joly, suivie des remontrances aiguisées de Daniel Cohn-Bendit (2) n’était donc qu’un épiphénomène. Mais cet épisode montre, s’il en était besoin, que les écolos français n’ont toujours pas trouvé de remède à la fracture idéologique qui les oppose depuis des lustres.

Plutôt que d’en passer par de petites phrases, la famille écolo serait bien inspirée de mettre sur la table ses différences et de trancher dans le vif. Tout juste auréolé de la performance de son mouvement lors des récentes régionales, Daniel Cohn-Bendit ne déclarait-il pas à l’époque : « Nous avons besoin d’une structure pérenne capable d’élaborer des positions collectives et de porter le projet écologiste, sans s’abîmer dans la stérilité des jeux de pouvoir ou la folle tempête des égos en compétition » ? Manifestement, il reste du travail.

(1) Eva Joly traitée de « vieille éthique »

(2) Jean-Vincent Placé considéré comme « un crétin »

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