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Du flouze et des filles contre une peau de baleine
lundi, 14 juin 2010 / Hélène Duvigneau

Les méthodes des lobbies japonais ont du plomb dans la nageoire. Alors que la réunion de la Commission baleinière internationale (CBI), prévue à Agadir du 21 au 25 juin, s’apprête à décider de la levée du moratoire interdisant (depuis 1986) la chasse commerciale à la baleine, une enquête du Sunday Times offre un point de vue imprenable sur les coulisses des négos.

Selon l’hebdomadaire, le Japon n’aurait pas lésiné sur les moyens pour acheter le vote de petits États insulaires, qui compte autant que celui de grands pays, ainsi que celui d’États africains, afin que la pêche à la baleine soit de nouveau au goût du jour. Cash, billets d’avion gratuits, prostituées de luxe pour ministres... tous les moyens étaient bons pour « convaincre ». Selon un officiel de Guinée en charge des pêcheries, des représentants japonais glissaient ainsi une enveloppe de 1 000 $ par jour dans la poche de son ministre lors des réunions de la CBI. Tanzanie, Iles Marshall, Côte d’Ivoire, Grenade, îles Kiribati... font aussi partie des pays arrosés, selon le journal.

Pour obtenir les informations, les reporters se sont fait passer pour les représentants d’un écologiste milliardaire suisse désireux de faire basculer le vote dans le sens inverse. Ce scandale pourrait influencer le verdict du procès du militant écolo néo-zélandais Peter Bethune, attendu le 7 juillet. Membre de l’ONG Sea Shepherd, il s’était introduit sur le baleinier nippon Shonan Maru 2 pour remettre au capitaine un « mandat d’arrêt citoyen » néo-zélandais après le naufrage de l’Ady Gil en janvier. Accusé d’avoir brûlé au visage un baleinier japonais et blessé deux autres, en lançant des bouteilles en verre enflammées contenant du beurre rance, il a été exclu de son organisation, officiellement pour violation des codes de conduite pacifistes. Le procureur de la cour de Tokyo a réclamé 2 ans de prison ferme.