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Chronique d’immigration ordinaire
mercredi, 9 juin 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Un adolescent d’origine mexicaine de 14 ans a été tué par balles ce lundi 7 juin par un garde-frontière américain en début de semaine dans la ville de Ciudad Juárez à la frontière entre les deux pays. Ce décès porte, selon le ministère des Affaires étrangères mexicain à 17 le nombre de personnes tuées le long de cette frontière par les forces de l’ordre américaines depuis janvier 2010, soit autant que les deux années passées cumulées.

Au delà des circonstances du meurtre – le garde-frontière aurait fait usage de son arme à feu en riposte à des jets de pierres – c’est la politique des Etats-Unis en matière d’immigration qui fait débat. Selon une étude de 2008 menée par le Pew Hispanic Center, près de 13 millions d’individus d’origine mexicaine résident sur le sol des Etats-Unis [1]. Parmi eux, plus de 55% vivent en situation illégale.

L’espoir – côté mexicain – d’un adoucissement de la politique d’immigration de Washington avec l’élection d’Obama a donc été douché par les faits. Il y a quelques jours, l’administration américaine a d’ailleurs annoncé l’envoi de 1200 soldats en renfort sur la zone frontière afin d’endiguer l’immigration clandestine et les trafics de stupéfiants.

Malgré l’élévation du PIB par habitant – 10195 dollars (8470 euros) contre 8118 (6740 euros) en 2008 – l’économie mexicaine reste très fragile et coupée en deux par les inégalités. Les 20% les plus pauvres ne perçoivent que 5% des revenus globaux, alors que les 20% les plus riches en concentrent plus de 50% [2].

La Commission mondiale sur les migrations internationales (CMMI) estime à 215 millions le nombre de migrants sur la planète dont 10 à 15% en situation illégale. Au regard de ces chiffres, la mort violente du jeune Sergio Adrián Hernández Huereka, condamnée par les autorités mexicaines, rappelle la difficile cohabitation de deux mondes. L’un « développé » prenant peu à peu conscience des limites et de la nature éphémère de son système. Et l’autre, mis au ban, n’aspirant qu’à embrasser le modèle du premier.