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Addiction
mardi, 8 juin 2010 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Le marché des paris en ligne est donc ouvert à la concurrence depuis ce mardi [1]. Cette décision longtemps contestée met un terme à près de 500 ans de monopole d’Etat sur la question. A l’époque, François Ier régnait sur le royaume… Sommée par Bruxelles de se plier aux règles de la concurrence, la France a freiné des quatre fers avant, donc, de s’avouer vaincue. L’enjeu n’était nullement philosophique, on l’a bien compris. En 1960, 93 millions d’euros issus des jeux de hasard – autorisés – étaient tombés dans les caisses de l’Etat. En 2008, les recettes ont franchi la barre des 40 milliards.

Mais cette vision ne peut seulement s’exprimer en termes de chiffre d’affaires. En 2006, une étude de l’Inserm, avait indiqué qu’aux États-Unis et en Australie, 5% de la population était concernée par l’addiction aux jeux (3% de joueurs problématiques et 2% de joueurs pathologiques). Si cette part est plus faible dans l’Hexagone (sans doute 1%), l’Institut national de la santé et de la recherche médicale estimait toutefois qu’en 2006, 30 millions de Français avaient tenté leur chance au cours de l’année à un jeu d’argent. Considérable. L’arrivée dans le paysage des sites de paris en ligne risque sans doute d’accentuer la tendance. Plus jeune (autour de 26 ans), le profil type du joueur en ligne est par ailleurs plus fragile.

Avec la décision de Bruxelles s’écroule, certes, un monopole d’Etat. Mais c’est le sens même de nos sociétés qui se retrouve du coup questionné : comment peuvent-elles s’affirmer durables et solidaires alors qu’elles érigent en secteur à part entière, une activité dont le modèle économique repose essentiellement sur l’addiction et l’affaiblissement de ses propres acteurs ?

- Le rapport de la Documentation française