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Il y a 21 ans, Tiananmen
vendredi, 4 juin 2010 / Hélène Duvigneau

Le 4-06, c’est la date anniversaire du massacre de Tiananmen, sujet encore radioactif en Chine, qui pousse toujours d’honnêtes citoyens en prison. Si l’on veut s’amuser à planter sa connexion Internet en Chine, c’est le mot idéal à entrer sur les moteurs de recherche. Voilà pourquoi les internautes chinois rivalisent d’inventivité pour mettre un nom sur l’événement, utilisant des codes divers et variés : chiffres romains « IVVI » ou encore le « 35 mai » (535) alors que d’autres combinaisons, telle « 63+1 », ont déjà été rattrapées par les censeurs de la cyber-muraille. La nouveauté du jour, c’est la publication des mémoires de l’ancien 1er ministre Li Peng (aujourd’hui 81 ans), considéré comme l’un des principaux responsables du massacre. D’après ce témoignage publié à Hong Kong, l’ancien leader réformiste Deng Xiaoping, très populaire en Chine, est présenté sous un jour peu sympathique : contrairement à l’idée répandue selon laquelle il se serait fait manipuler par la ligne dure du parti, Li Peng le présente comme l’instigateur de la répression.

Deng aurait déclaré que le gouvernement devrait se préparer à « verser du sang ». Pendant ce temps-là, sur Twitter les consciences éveillées livrent des commentaires rapportés par le blog China Geeks. « Cette année là des machines armées ont brisé nos rêves de liberté et des chars ont écrasé nos jeunes corps. Nous sommes restés silencieux, mais nous n’avons pas oublié. Nous sommes les survivants d’un massacre ; se souvenir est le devoir des survivants », écrit Teng Biao. « Cette année, Wang Zhen et Li Peng ont dit qu’ils sacrifieraient avec joie 200 000 personnes contre 20 ans de stabilité » rappelle de son côté Monnand. Preuve que le sujet est encore sensible, le dissident chinois Wu’er Kaixi, célèbre militant de 1989 exilé aujourd’hui à Taiwan, a été interpellé à Tokyo alors qu’il tentait de pénétrer dans l’ambassade de Chine devant laquelle se tenait un mouvement de protestation.