Grâce à leur prototype à l’hydrogène, les étudiants d’une école d’ingénieurs nantaise ont remporté début mai le « Shell Eco Marathon », une compétition qui vise à construire le véhicule le plus économe en carburant.

Combien de carburant vous faut-il, au minimum, pour faire l’aller-retour entre Paris et Athènes, soit 4 186 kilomètres ? Pas la peine de sortir la calculette, un groupe d’étudiants de Polytech’Nantes et du Lycée de la Joliverie a déjà fait mieux. Ils vous battent même à plates coutures puisqu’ils ont réussi à concevoir un véhicule capable de parcourir 4 896 kilomètres avec un seul litre de carburant, de l’hydrogène, soit 2 centilitres au 100 kilomètres. Avec un tel score, ces étudiants réunis sous la bannière de l’association Polyjoule ont remporté haut la main – plus de 2 000 kilomètres devant les autres concurrents européens, aux fonds parfois 10 fois plus élevés – le « Shell Eco Marathon » couru le 7 mai dernier sur le circuit de Lausitz dans l’est de l’Allemagne. Récompense suprême, ils ont même amélioré le record du monde de la catégorie.

La recette de ce prototype de trente kilos et de quelques dizaines de centimètres de haut ? Une pile à combustible (voir la vidéo ci-dessous) d’abord, un budget de 30 000 euros et surtout au moins 10 000 heures de travail, selon les calculs de Pauline Tranchard, la présidente de Polyjoule. La soixantaine d’étudiants qui ont travaillé au perfectionnement du véhicule y ont consacré une bonne partie de leur année scolaire. « Nous avons amélioré le rendement de notre pile à combustible, notre véhicule est dix kilos plus léger que l’an dernier et nous avons supprimé le maximum de résistances de nos cartes électroniques pour dissiper le moins d’énergie possible », explique-t-elle. Les autres améliorations demeurent secrètes, pour préserver les chances de Polyjoule au marathon 2011 !

La voiture verte pas encore mûre

Ces étudiants n’ont toutefois pas trouvé de solution miracle pour créer des voitures écolos à la chaîne. « Nous utilisons des techniques qui sont connues des industriels. Tout est juste conçu sur mesure et sur un véhicule très léger », explique Mathieu Stritmatter, l’un des étudiants de Polytech’Nantes. Leur véhicule n’est d’ailleurs pas tout vert puisqu’il est largement composé de carbone. Et si la pile à combustible ne rejette que de l’eau, la production d’hydrogène nécessite, elle, de consommer de l’électricité.

Mais l’exercice va plus loin qu’une simple joute technique entre étudiants ingénieurs – et qu’une occasion pour Shell de se refaire une image verte. Selon Mathieu Stritmatter, la victoire de leur véhicule est la démonstration concrète que les voitures à hydrogène sont plus performantes que leurs cousines à essence. « Avec une pile à combustible, le rendement de l’hydrogène est de 60%, alors qu’il n’est que de 30% avec de l’essence. ». D’après lui, les véhicules verts de demain rouleront tous à l’hydrogène. Reste, tout de même, à trouver une solution économique, écologique et sans risque pour produire et stocker ce gaz à l’échelle industrielle.