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Les métaux rares, le « pétrole » de la Chine
mardi, 25 mai 2010 / Hélène Duvigneau

Le germanium, l’indium et le terbium ont beau avoir des noms barbares, ils ont la cote aujourd’hui. Utilisés notamment par l’industrie de l’éolien, ils sont la propriété quasi exclusive de Pékin, qui a décidé de freiner les exportations…

« Le Moyen-Orient a son pétrole et la Chine ses métaux rares », disait l’ancien dirigeant chinois Deng Xiaoping. Le petit timonier ne croyait sans doute pas si bien dire. Aujourd’hui, à l’heure où l’or noir décline, ces métaux rares ou « terres rares » aux noms en « ium » (germanium, indium, terbium, etc.) s’arrachent comme des petits pains. Très recherchés pour fabriquer des écrans plats, ils ont également des applications militaires et environnementales, en particulier pour les aimants permanents des turbines éoliennes et les moteurs des véhicules hybrides.

Dans ce petit monde, tout allait bien jusqu’à l’an dernier, quand Pékin a décidé de mettre le holà sur les exportations, imposant des quotas. Or la Chine abrite plus de 95% de la production mondiale de métaux rares et se trouve en situation de monopole. D’autres pays comme l’Australie ou les Etats-Unis possèdent bien des réserves mais ne les exploitent plus : trop cher, trop compliqué, trop polluant.

En réduisant la manne des métaux rares, Pékin entend officiellement protéger ses réserves et restructurer sa filière pour la rendre plus propre. Mais il s’agit bien sûr aussi de réserver ses ressources à ses entreprises, en particulier dans l’éolien, et d’inciter les entreprises étrangères à venir produire sur place, donc à transférer des technologies.

L’entreprise Baotou Rare Earth, située en Mongolie intérieure, a ainsi commencé en avril à stocker des minerais. Elle compte constituer 300 000 tonnes de réserves d’ici cinq ans. En réponse, des pays comme le Japon commencent eux aussi à stocker ou à lancer des opérations d’exploration marine. Quant à la France, elle prend tout juste conscience du problème, et prépare son plan d’action. Faut-il pour autant racheter des mines australiennes et reprendre les extractions à tout crin ? « Non », répond un rapport onusien sorti récemment, qui préconise plutot d’améliorer le taux de recyclage encore trop faible (1%) de ces métaux.

- Un article de la BBC sur le sujet