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Le journal « Politis » attaqué par Claude Allègre
vendredi, 21 mai 2010 / Julien Kostrèche

L’ancien ministre de Lionel Jospin s’estime diffamé par une tribune publiée il y a près d’un an dans les colonnes de l’hebdomadaire Politis. Ce texte, paru sous le titre « Claude Allègre : question d’éthique », est signé par huit personnalités [1] du monde universitaire, scientifique ou associatif. Il met en cause Claude Allègre dans la gestion du différend qui l’a opposé à Haroun Tazieff en 1976 lors de l’éruption du volcan guadeloupéen de la Soufrière. Le volcanologue estimait qu’il n’y avait pas de danger immédiat, Claude Allègre considérant au contraire qu’il y existait un risque d’éruption magmatique justifiant une évacuation de la population. Par précaution, les autorités ont décidé d’évacuer l’île. L’éruption majeure n’a pas eu lieu. Mais la querelle entre les deux hommes ne s’est jamais éteinte. Ils se sont retrouvés au tribunal en 1991. Et c’est justement sur des témoignages entendus lors de ce procès que les auteurs de la tribune de Politis se basent. Ils soupçonnent Claude Allègre d’avoir exercé des pressions sur ses équipes et manipulé des données scientifiques qui auraient donné raison à Haroun Tazieff.

Politis prend l’attaque en diffamation de l’ancien ministre suffisamment au sérieux pour lancer une pétition de soutien. Denis Sieffert, son directeur de la publication, dit en tout cas « assumer pleinement » les lignes qu’il a publiées il y a un an dans son journal. Et s’interroge : à l’époque, le 18 juin 2009, « on parlait de lui comme ministrable dans le gouvernement Fillon […] Aurions-nous, malencontreusement, interféré dans ce calendrier ? Serait-ce la cause de la colère de Claude Allègre à notre égard ? » Avant d’enfoncer le clou sur la controverse qui l’a opposé depuis aux climatologues : « Contrairement à la présentation que l’on fait de lui dans certains médias complaisants, il n’est pas un “sceptique” . […] Ce que M. Allègre appelle improprement scepticisme, c’est l’incrédulité de l’ignorance. Et pire encore : l’exploitation de cette incrédulité par quelqu’un qui sait. »