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Danielle, 72 ans : « Pécuniairement, ça va tout doucement »
jeudi, 20 mai 2010 / Karine Le Loët /

Rédactrice en chef à « Terra eco ».

Ex-employée de pharmacie puis d’usine, Danielle est devenue invalide à 46 ans. Aujourd’hui, dans son appartement parisien, elle vit d’une maigre retraite. Témoignage.

Assise à la table du salon, la béquille à portée de main, Danielle [1] attend le passage de son auxiliaire de vie. Autour d’elle, des cartes postales colorées couvrent les murs. « Des cache-misère », soupire Danielle. A presque 72 ans, cette Parisienne logée dans une tour du XIXe arrondissement vit d’une maigre retraite – 900 euros avec la complémentaire. « Pécuniairement, ça va tout doucement », confie-t-elle. Sa retraite, elle le doit à une carrière d’une trentaine d’années débutée dans une pharmacie et poursuivie dans une usine de pièces détachées pour télévisions. C’était du côté de la station Ourcq. « Il y a deux écoles à la place aujourd’hui. » 

Quelques années plus tard, Danielle devient employée de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Et puis tout s’arrête. Un cancer met la quadragénaire hors-jeu. « Depuis 84, l’araignée marche à l’envers , glisse-t-elle, amère. L’invalidité, je ne l’ai jamais accepté. Alors je rumine. » En 1998, c’est l’heure de la retraite. Danielle doit troquer sa pension d’invalidité pour le régime classique. « Ça a été la douche froide. Quand je fais mes petits calculs, je vois que je dois avoir entre 240 et 260 euros en moins par mois. »

Depuis, Danielle vit comme elle peut. Certes son loyer est modeste : 240 euros une fois les allocations retirées mais les menues dépenses pèsent lourd. « Il faut encore ajouter le gaz, l’électricité, l’assurance, le téléphone… », explique-t-elle. Il y a aussi ce crédit à la consommation qu’elle a contracté, sans méfiance, il y a quinze ans et qu’elle doit encore rembourser pendant deux ans. Et puis, Danielle n’a plus droit à la CMU (Couverture maladie universelle), ses revenus sont trop importants. Alors elle voudrait bien prendre une mutuelle pour se protéger des pépins futurs.

Alors Danielle a recours au système D. Une fois par semaine, elle descend remplir son chariot à l’épicerie sociale, faire ses courses. « C’est la patronne qui m’a abordé. J’y allais pas. Tout ça, c’est de l’orgueil mal placé. » Ou sourit quand ses voisins lui cèdent leur grande télé. « J’ai des amis dans l’immeuble. Ils vont me chercher mes médicaments. Et puis la gardienne s’occupe de toute la paperasse. » Des appuis précieux pour se prémunir contre l’isolement. Danielle, jure-t-elle, ne veut pas faire de politique. Mais quand même. « Dans les années 80, on nous a promis beaucoup de choses mais ça s’est dégradé. Au bout du compte, ce sont ces grands moralistes qui nous ont mis dans la mouise. »

Cliquez ici pour écouter le témoignage de Danielle (57 sec)

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LE PORTE-MONNAIE DE DANIELLE

- Retraite : 900 euros « et des poussières » (656 euros de retraite de base et une complémentaire)
- Loyer : 240 euros (Aide au logement déduit)
- Crédit à la consommation : 85 euros par mois
- Son petit « luxe » : 30 euros par mois pour le câble

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