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Galeano, ombre et lumière
mercredi, 10 novembre 2004 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Eduardo Galeano est sans doute l’un des plus grands penseurs latino-américains contemporains. Son histoire, son parcours, se confondent avec ceux de son continent, une "région du monde aux incroyables réserves de dignité".

Il est né un 3 septembre. En 1940, à Montevideo, en Uruguay. D’origine italienne, allemande et espagnole, Eduardo Hughes Galeano est issu d’une famille catholique. Tour à tour ouvrier, peintre d’affiches, messager, dactylo et caissier, l’homme fait vite ses preuves dans le journalisme. Dès l’âge de 14 ans, il vend sa première caricature à l’hebdomadaire du Parti socialiste. A 30 ans, il est chef de rédaction de Marcha, un autre hebdo dans lequel signent de grandes plumes comme le Péruvien Mario Vargas Llosa, ou bien son compatriote Mario Benedetti.

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Le 27 juin 1973, quelques semaines seulement avant l’assassinat de Salvador Allende au Chili, un coup d’Etat fomenté par Juan María Bordaberry et commandité par la CIA pousse Galeano à l’exil. Il rejoint l’Argentine voisine avant, là encore, de faire ses bagages, cette fois pour la Catalogne espagnole, poussé dehors par la dictature du général Jorge Rafael Videla. Ce n’est qu’en 1985 qu’Eduardo Galeano remet le cap sur sa terre natale, où il réside encore aujourd’hui.

Contre les oppresseurs de l’Amérique du Sud

La publication en 1971 des Veines ouvertes de l’Amérique latine offre la célébrité à l’écrivain. Réquisitoire contre les oppresseurs de l’Amérique du Sud, depuis l’Espagne, pendant la Conquista, jusqu’aux Etats-Unis, son ouvrage reste aujourd’hui encore un classique.

Travailleur infatigable, porte-parole des sans voix, Galeano est devenu une référence. Sa prose, qui mélange l’essai, le roman, le pamphlet, mais aussi la poésie a désormais fait le tour du monde. Détracteur du néolibéralisme, Galeano a construit son oeuvre en mêlant indignation et réflexion.

Perdre espoir toutes les deux heures

En 1960 à Cuba, lorsqu’il rencontre Che Guevara alors ministre de l’Industrie, Galeano ne mesure pas encore le chemin qu’il va accomplir. De cet entretien de plus de quatre heures, il dit se souvenir de "cette grande lumière dans [ses] yeux. Un regard exceptionnel, celui des hommes qui croient très profondément en quelque chose". Galeano reconnaît pour sa part perdre espoir dans la condition humaine, "toutes les deux heures en moyenne". Et d’avouer - à l’image de toute son oeuvre littéraire - ne posséder cette croyance en l’homme que pour une seule raison : "Parce que je peux perdre cette foi, et être certain de la récupérer ensuite".

Bibliographie en Français :
Le football ombre et lumière, Climats 01/1998

Les Veines ouvertes de l’Amérique latine, Pocket, Poche Essai 11/2001

Sens dessus dessous. L’école du monde à l’envers, Homnisphères Broché essais 08/2004


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