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Barbecue : les charbons alternatifs au banc d’essai
jeudi, 3 juin 2010 / Thibaut Schepman /

Non, nous n’avons pas à « sauver la planète ». Elle s’en sort très bien toute seule. C’est nous qui avons besoin d’elle pour nous en sortir.

Bois de vigne, coques de coco ou rafles de maïs, la concurrence au charbon de bois fait rage dans les rayons. Comment s’y retrouver pour faire des grillades vertes ?

Lorsque le mercure grimpe à la veille du week-end, les stocks de charbon de bois pour barbecue se vident dans les étals. Mais placer un grand sac de résidus noirs et carbonés dans son chariot peut donner quelques éco-remords. Depuis quelques années, des combustibles alternatifs sont sur le marché. Tous fabriqués à partir de déchets, ils se disent verts ou écologiques. Terra eco les a mis sur le gril pour y voir plus clair.

- Le petit bois de vigne Les branches de vigne, appelées sarments, méritent leur nom de « naturel » puisqu’elles n’ont pas été transformées. Contrairement au charbon, elles n’ont pas été carbonisées avant d’être commercialisées. Le bois brûle moins longtemps et avec plus de flammes que le charbon mais donne un léger goût aux viandes. A préférer pour un barbecue rapide. Une précaution s’impose : il faut veiller à attendre que des braises se forment pour placer la viande sur le gril. Car, comme pour tout combustible, des substances toxiques peuvent se dégager si de la graisse tombe sur les flammes.

Prix : 4 à 6 euros le sac de 3,5 kg.

- Le gros bois de vigne Il s’agit des troncs, appelés ceps, de pieds de vignes. Ils nécessitent le passage d’un tracteur pour être arrachés du sol et broyés. Le bois est plus gros, plus dense et permet des grillades plus longues. A privilégier pour les soirées barbecue que le préposé aux grillades viendra lancer pendant l’apéro. Par contre, cette partie du pied de vigne n’est pas taillée et a donc été exposée pendant plusieurs années aux – nombreux – traitements phytosanitaires de la vigne. « Il n’y a pas plus de risque à utiliser les ceps qu’à boire du vin », répondent les producteurs. Dernière précision, de taille, une partie de la production est réalisée en Belgique à partir de bois français avant d’être réimportée en Allemagne – où il est prisé car « ludique » – et même en France. Un amusement gourmand en transports, et donc en CO2.

Prix : 5 à 7 euros le sac de 3,5 kg.

- Les rafles de mais Les rafles de maïs sont les cœurs des épis, abandonnés une fois les grains détachés. Ces déchets issus de la production françaises sont propres au toucher, laissent peu de cendres et n’ont pas été carbonisées. En contrepartie, ils flambent moins longtemps et dégagent plus de fumée. Et le maïs a lui aussi été traité avec des pesticides. Mais sa nature très absorbante permet de capter les graisses qui coulent de la viande sans les brûler. Ce qui limite les risques de fumées cancérigènes.

Prix : 4 à 5 euros le sac de 5 kg.

- Les coques de coco Le charbon de coco a l’avantage de brûler pendant plus de quatre heures avec un fort pouvoir calorifique. De quoi faire griller des saucisses pour un régiment. Le charbon flambe également très peu, ce qui fait de lui l’un des combustibles qui rejette le moins de substances toxiques. Idéal, le charbon de coco ? Pas vraiment. Car il est importé d’Asie du Sud-Est. Ce transport dégrade l’empreinte carbone de ce produit, pourtant vendu comme « durable ». « Ce charbon permet de faire travailler des populations du Tamil Nadu, au sud de l’Inde, à partir de déchets jusque-là inexploités », rétorque le principal importateur français. Qui précise que le surplus d’énergie dégagé lors de la combustion du charbon est récupéré pour sécher le produit fini.

Prix : 5 euros le sac de 3 kg.

- Les grignons d’olives Un nouveau produit devrait bientôt sortir sur le marché : le charbon d’olive. Il serait formé des grignons (peaux, résidus de pulpe et noyaux) d’olives qui seront carbonisés. D’aussi bonne qualité que le charbon de coco, il aurait un bilan carbone plus faible car serait produit en Andalousie. On attend de voir.

Prix : pas encore sur le marché.


Et le charbon de bois ?

Il salit les doigts et ressemble à la houille des mines qui rejettent tant de CO2. Mais attention au délit de sale gueule : le charbon de bois français n’a pas un bilan si noir. Il ne rejette que le CO2 accumulé par le bois durant sa vie. Et le bois utilisé vient de déchets de scieries garantis non traités. Plus de détails à lire ici (on sait que vous étiez sur des charbons ardents…). En attendant, veillez à privilégier le charbon de bois produit dans l’Hexagone. Une bonne partie du charbon importé est vendu moins cher mais a un mauvais goût de déforestation. Il est produit à partir de bois jeunes et avec de méthodes de combustion très énergivores.

Les bons conseils de Terra eco :

Toujours attendre qu’il n’y ait plus de flammes mais uniquement de la braise avant de griller la viande pour ne pas risquer de dégager des gaz toxiques. Et privilégier les méthodes de sioux aux allume-feux. Pour ceux qui ont peur de se griller en public en allumant leur barbecue, voilà une très bonne méthode, testée et approuvée par la rédaction. De rien.