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Dansons sur le volcan
dimanche, 30 mai 2010 / Walter Bouvais /

Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Une exposition universelle pharaonique, une marée noire et une nouvelle crise financière. Ces trois instantanés de l’actualité récente dessinent l’état d’un monde porteur à la fois de grandes inquiétudes et d’un réel espoir.

L’espoir, tout d’abord. C’est celui de notre capacité à imaginer de nouvelles voies pour demain, à l’image de ce que propose l’exposition universelle de Shanghai, sous la bannière d’une « meilleure vie dans une meilleure ville ». La ville, voire la mégapole, fait partie de notre paysage quotidien. Aussi, plutôt que redouter le phénomène urbain, imaginons-le durable, vivable et accessible à tous. Il faut aller contre un étalement urbain qui implique une consommation inconsidérée d’énergie et alourdit le risque d’une précarisation énergétique sur toute une frange de la population. Place donc à l’imagination, à condition qu’elle ne soit pas mobilisée au service de cités exclusivement technologiques : la plus durable des villes ne serait qu’un vulgaire bloc de béton et de câbles si l’on ne se souciait pas de la vie – donc du lien social – qui doit aller avec.

Les inquiétudes, ensuite. Elles sont nourries par la démesure qui caractérise notre quotidien. La Grèce mise au tapis par la furie des marchés financiers, les Etats européens ont enfin opté pour la solidarité et la fermeté. Momentanément tirée de l’ornière, la population grecque se trouve en fait enserrée entre la réalité sociale d’une vigoureuse cure d’austérité et l’attente improbable d’un retour à la croissance économique. Mais que vaudra cette « croissance » qui – à Athènes comme à Shanghai – se nourrit de la surconsommation de matières premières de plus en plus rares et d’une forte dépendance aux hydrocarbures ? Et que restera-t-il de cette « croissance » si un nouveau choc pétrolier advient dans quelques mois, comme le redoutent les autorités américaines ?

Bien au-delà de la Grèce, les économies occidentales vivent largement au-dessus de leurs moyens financiers. En attendant de voir pousser de meilleures villes pour une meilleure vie, beaucoup de nos édiles continuent de vivre sur une autre planète, misant sur une croissance infinie de notre PIB, assise sur une multiplication des forages pétroliers. L’épisode cocasse du volcan Eyjafjöll, qui est parvenu en quelques heures à paralyser une grande partie du trafic aérien, démontre de façon magistrale que nos rêves de vitesse et de démesure finiront toujours par se heurter à la réalité physique d’une planète limitée. —