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La rançon de l’insécurité économique
jeudi, 21 octobre 2004 / Toad , / Angeline Montoya

Lutte contre la corruption, indépendance de la justice, guerre ouverte avec le FMI... Le président Kirchner se bat comme un diable. Mais la recrudescence des enlèvements contre rançon signe sa première défaite.

Il s’est battu sur tous les fronts. Avant même que l’opposition ne puisse mettre le moindre débat sur la table, le président Nestor Kirchner s’est employé pendant la première année de son mandat à devancer toute critique, haranguant les autorités du Fonds Monétaire International (FMI), destituant la plupart des hauts-gradés de l’armée, licenciant des centaines de policiers corrompus, transformant la sinistre Ecole Mécanique de la Marine (ESMA) - camp de concentration durant la dictature militaire (1976-1983) - en musée de la Mémoire, modifiant la composition de la Cour suprême en nommant des juges indépendants.

Ces mesures n’ont certes rien résolu en profondeur. Elles ont néanmoins permis à Kirchner d’asseoir sa légitimité et de renforcer son pouvoir politique. Elu avec seulement 22% des voix en mai 2003, l’homme a su conserver un taux d’opinion favorable sans précédent, même si celui-ci a chuté ces derniers mois, passant de 77% en juin à 42% en septembre.

Premier avertissement pour Kirchner

Mais c’est brutalement que la lune de miel entre les Argentins et leur président a pris fin il y a six mois, avec l’assassinat d’Axel Blumberg, un jeune homme de 23 ans, appartenant à la classe moyenne. Il aurait pu être une victime parmi d’autres de l’insécurité quotidienne que subit le pays depuis des années, particulièrement depuis l’explosion de la crise en décembre 2001 et l’apparition d’une nouvelle forme de délinquance : les enlèvements contre rançon. Mais cette fois, l’enlèvement a mal tourné. La police est intervenue. Axel Blumberg a tenté de fuir. Ses ravisseurs l’ont assassiné.

Fou de douleur, son père Juan Carlos Blumberg, un entrepreneur du secteur textile, a organisé une manifestation pour réclamer davantage de mesures répressives. Cent cinquante mille personnes l’ont accompagné. La classe moyenne argentine ne s’était pas mobilisée à ce point depuis les événements de la fin 2001. L’assassinat d’Axel a marqué un point d’inflexion dans la gestion de Nestor Kirchner. "Pour la première fois, le président se laissait dépasser par les événements et ne les anticipait pas, explique l’analyste Roberto Bacman. L’affaire Blumberg constitue la première faille de l’administration Kirchner et la première occasion pour l’opposition de reprendre l’initiative."

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