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Grenelloscope : le développement de l’éolien compliqué
lundi, 3 mai 2010 / Julien Kostrèche

Alors que le texte du Grenelle 2 est présenté cette semaine à l’Assemblée, « Terra eco » distribue les cartons rouges et les cartons verts.

C’est sans doute le recul le plus spectaculaire du Grenelle aux yeux des associations environnementales, et l’un des points sur lesquels on s’attend à une vraie bataille la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. France Nature Environnement, habituée à plus de modération, n’y va pas par quatre chemins : si on applique le texte du Grenelle 2 en l’état, tel qu’il a été modifié après le rapport du député Patrick Ollier, « aucune éolienne ne pourra être installée s’il y a une habitation dans un rayon de 500 mètres, ce qui veut dire qu’on ne pourra plus en installer en Bretagne par exemple », s’insurge Morgane Piederriere.

Tout le monde ou presque était tombé d’accord pour éviter un développement anarchique de l’éolien et remettre un peu d’ordre dans le paysage, en privilégiant par exemple la construction de grands parcs de 15 à 20 mégawatts minimum, ce que préconise aussi le rapport Ollier. Mais le nouveau texte équivaut à un coup de frein, estiment les ONG. Et surtout il est en contradiction totale avec l’objectif premier du Grenelle : porter la part des énergies renouvelables en France à 23%.

« L’une des principales conclusions du rapport Ollier tend à soumettre les éoliennes aux règles de la police des installations classées pour la protection de l’environnement. Il s’agit ici d’une revendication ancienne des anti-éoliens », écrivait l’avocat Arnaud Gossement, maître de conférences en droit de l’environnement à Sciences Po Paris, dans une récente chronique publiée sur Terra eco. Et de poursuivre : « Le but est de modifier l’image des éoliennes : l’accent ne sera plus mis sur leur contribution à la protection de l’environnement mais sur leurs risques supposés. Au-delà, qualifier les éoliennes d’installations classées permet aussi d’accroître la complexité de leur procédure d’autorisation. » Les anti-éoliens ne crient pas victoire pour autant : ils ont maintenant lancé une campagne auprès des députés en expliquant que le périmètre de 500 m est insuffisant et constitue même une « mesure particulièrement odieuse » qui ne tient pas compte des « graves problèmes de santé » dont souffrent les riverains. S’appuyant sur les conclusions d’un rapport de 2006 de l’Académie de médecine, la Fédération environnement durable, qui regroupes les associations opposées à l’éolien, demande carrément d’élargir le périmètre à 1 500 m. Le vent s’annonce mauvais pour l’éolien.

- Photo : phault