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Sarkozy brosse la Chine dans le sens du poil
jeudi, 29 avril 2010 / Hélène Duvigneau

(de notre correspondante à Pékin)

En Chine pendant trois jours, Nicolas Sarkozy fera presque autant de tourisme que de politique. Pas vraiment en position de solliciter des choses concrètes auprès de son homologue chinois - malgré les commandes de deux réacteurs EPR quasi confirmées- il a préféré réamorcer doucement la pompe des relations franco-chinoises.

Mais derrière les "preuves d’amour" sur fond de chansons de Carla Bruni interprétées par l’orchestre de l’Armée, la méfiance subsiste côté chinois. Il y a deux ans, le président français avait acquis la réputation de « girouette » pour avoir déclaré sa flamme au Tibet, ce qui avait provoqué un bug côté chinois. Sur les questions environnementales, que voit-on ? D’abord que le mot Copenhague n’a pas été prononcé. La seule référence, côté français, est à chercher dans la phrase : « Nous avons besoin d’une Chine qui exerce toutes ses responsabilités et occupe toute sa place dans le monde du XXIe siècle. » Hu Jintao fait mieux en prononçant une phrase intégrale sur la question du climat, s’engageant à « renforcer la coordination dans les enceintes multilatérales pour faire avancer ensemble la coopération internationale contre le changement climatique. » Au niveau bilatéral, une lettre d’intention a signée dans le domaine du droit à l’environnement (pollution atmosphérique, codification du droit à l’environnement, fiscalité verte).

Alors que les grands contrats pourraient finir par se tarir pour les Français, à mesure que la Chine fabrique elle-même TGV et avions à coups notamment de transferts technologiques, les entreprises françaises cherchent un second souffle. Et parmi les clés d’entrées les plus porteuses sur le marché chinois figure le secteur environnemental, notamment le traitement de l’eau, la gestion des déchets, l’assainissement, l’efficacité énergétique... Suez et Veolia en savent quelque chose. Du voyage, Jean-Louis Borloo se serait par ailleurs déclaré très intéressé par l’expérience de la taxe carbone dans trois provinces chinoises, une manière de dire que la France a aussi à apprendre de la Chine. Quant aux droits de l’homme, pas un mot en public pour l’instant, contrairement à Barack Obama qui avait lourdement insisté sur le thème, devant les médias, lors de son passage à Pékin en novembre 2009.

- Le Communiqué conjoint de la France et de la Chine
- Photo : Expo Shanghai 2010. Crédit : Stephano Meneghetti