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Le Blog de Terra Economica

Le capitalisme pique du nez

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"Rien ne va plus pour le capitalisme qui part à hue et à dia", nous explique un lecteur. Mais le pire est peut-être devant nous.

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  • Par José Ferré, bloggeur : Le capitalisme pique du nez

    Depuis près de trois siècles, le capitalisme a accompagné et favorisé le développement du monde occidental. Il a apporté dynamisme et progrès, sur les plans économiques, techniques, culturels, favorisé une meilleure répartition des richesses. Aucun autre système, à ce jour, n’a fait mieux.
    Cette reconnaissance des "bienfaits" du passé ne vaut pas blanc-seing pour le présent ou pour l’avenir.
    Car le capitalisme a connu, depuis les années 1970, une mutation qui bouleverse sa nature : de facteur central de production de richesses jusque dans les années 1960, il est devenu son contraire. Le capitalisme entrepreneurial des décennies et des siècles passés est devenu strictement financier.

    D’abord incarné par une poignée d’hommes, puis une classe très étroite (les 200 familles en France, les figures emblématiques mondialement connues de familles comme celles des Rockefeller ou des Rothschild...), le capitalisme a, peu à peu, dès le XIXe siècle, élargi sa base sociale : il s’est démocratisé avec l’émergence des classes moyennes, en Europe et en Amérique du Nord.

    Aujourd’hui, sans compter plusieurs milliards de petits propriétaires individuels, possesseurs de "valeurs d’usage propre" (domicile, terre ou outil de travail), la base du capitalisme compte 300 à 400 millions de personnes à travers le monde (soit environ 5% de la population mondiale, essentiellement américains, européens et japonais), possesseurs d’actions ou de créances financières (comme, par exemple, leurs cotisations, obligatoires ou volontaires, pour leur retraite future).

    Ces centaines de millions de personnes ne gèrent pas leur patrimoine en direct. Elles en confient la gestion à des banques, des sicav, des compagnies d’assurance-vie, des caisses de retraites, des fonds de pension qui eux-mêmes emploient plusieurs dizaines de milliers de personnes (30, 40.000 peut-être), chargées de faire fructifier les fonds qui leur sont confiés.

    Qui dirige ce système ? Qui en est responsable ? On le voit : personne en particulier.
    Ce qui nous conduit à la première mutation du capitalisme des trente dernières années : aujourd’hui sans visage, le capitalisme financier est désincarné.

    La seconde mutation du capitalisme résulte du progrès des communications et des bouleversements qui s’ensuivent : depuis la seconde guerre mondiale, les barrières douanières ont été progressivement abaissées, la circulation de l’information, des produits, des services et des flux financiers en a été facilitée.
    Aujourd’hui, le capitalisme financier est sans frontières. Le rôle régulateur des Etats est tombé en désuétude.

    31000 milliards de dollars de capitalisation boursière

    La troisième mutation du capitalisme tient à son succès même. Plus puissant que les Etats-nations et les politiques nationales, qu’il s’applique à démanteler, aujourd’hui, le capitalisme financier est sans frein et sans contrôle : il gère des sommes colossales, dont le poids sans rival dessine les contours du monde d’aujourd’hui, sans souci de tel ou tel autre régime politique, à Paris, New York, Tokyo, Moscou, Pékin ou Delhi.

    A fin 2003, la capitalisation boursière mondiale représentait plus de 31.000 milliards de dollars, soit 86% du PIB mondial de la même année (36.000 milliards de dollars).
    Que font ces masses d’argent considérables ? Elles sont investies, sous forme d’actions ou d’obligations, dans les plus grandes entreprises. En contrepartie, leurs gérants exigent une part croissante des profits générés par ces entreprises. La norme est aujourd’hui un retour sur investissement de 15%. Ce seuil ne peut être atteint et maintenu par les entreprises que de quatre manières complémentaires :

    1• par un déséquilibre croissant, dans la répartition des résultats de l’entreprise, entre travailleurs et actionnaires, au profit de ces derniers

    2• par la recherche constante de la productivité et de la croissance, à tout prix (concurrentiel, environnemental, social)

    3• par la diminution constante des coûts (matières premières, transports, sous-traitance, travail) et, sa conséquence :

    4• par la délocalisation, c’est-à-dire la recherche frénétique, à travers le monde, du plus bas coût possible du travail.

    Lorsqu’une entreprise ou un secteur a épuisé sa capacité à générer du profit pour ses actionnaires, ils sont aussitôt abandonnés pour un autre secteur, une autre entreprise qui subissent la même loi : augmentation des profits, au prix d’économies ruineuses pour les sous-traitants, puis pour les salariés destructrices d’emploi , coûteuses pour les communautés qui doivent compenser ou dédommager la perte des emplois et leur fuite vers d’autres cieux.

    Aujourd’hui, le capitalisme financier est contre-productif et socialement nuisible, pour les populations occidentales qu’il exploite, comme pour celles des pays en développement qu’il sur-exploite.
    Mais ce n’est pas tout. Non content d’être devenu contre-productif et nuisible pour les hommes, aujourd’hui, le capitalisme financier est nuisible pour l’environnement.

    La course à la croissance, au profit immédiat entraîne l’exploitation massive, non régulée, des ressources non-renouvelables, pétrole et autres matières premières, forêts, eau. Cette exploitation du monde fini ne peut être infinie.
    D’autant que les conséquences calamiteuses de cette exploitation sans frein commencent à apparaître aux yeux de tous : réduction de la bio-diversité par la disparition massive d’espèces animales et végétales, réchauffement de la planète et dérèglements climatiques. Aujourd’hui, le capitalisme financier met en danger la planète.

    En bref, et pour souligner l’absurdité du système, les 31.000 milliards qui circulent sans cesse autour de la terre, pour payer nos retraites, commencent par nous mettre au chômage et finissent par ruiner l’environnement des générations futures !

    Ce système peut-il se réformer ? La réponse est clairement non. La recherche du profit immédiat étant sa seule vocation, le capitalisme ne peut y renoncer, sauf à se condamner lui-même. Aujourd’hui, le capitalisme financier ne peut pas s’auto-réguler.

    Peut-il être régulé de l’extérieur ? Aucune bonne volonté, aucun Etat, aucun groupe d’Etats, n’est aujourd’hui assez puissant pour contrôler, réformer ou mettre un terme à ce flux et à cette logique. Aujourd’hui le capitalisme financier ne peut être contrôlé ou réformé que par plus fort que lui.
    Que faire ? Il n’y a que quatre solutions :

    1• soit le cours actuel des choses se poursuit et, à 40 ans, sans s’y être préparée, la terre sera un lieu invivable écologiquement, économiquement et socialement.

    2• soit des malins, "terroristes" ou autres, piratent durablement les serveurs et lignes informatiques qui rendent possible la circulation internationale du capital.

    3• soit les peuples se révoltent simultanément pour refuser ce système.

    4• soit les hommes se regroupent pour former un Etat universel, seul capable d’établir des règles de fonctionnement communes, orientées vers le bien-être de tous et la préservation du cadre de vie, réglementant drastiquement le profit, voire l’abolissant dans sa dimension financière et substituant au concept de croissance celui de progrès.

    Notre préférence va évidemment à la quatrième solution. Mais saurons-nous faire l’économie des trois autres ?

    Retrouvez cet article sur le blog Imagine 2012

    6.09 à 19h46 - Répondre - Alerter
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