Il existe en France, dans le droit applicable aux installations classées, la notion de garanties financières, en vigueur pour les carrières depuis une quinzaine d’année. Il faudrait que ce droit s’applique aussi en matière de nucléaire, et ne concerne pas que la remise en état du site après exploitation (ce qui ferait déjà réfléchir les financeurs... car nul ne sait aujourd’hui ce que couterait le démentellement complet d’une centrale) mais s’applique aussi en matière de conséquences environnementales liées à un incident, quel que soit sa nature (ce qui ferait là réfléchir les assureurs...).
Et dans un premier temps, ne faisons pas sur le nucléaire français ce qui a été fait pour les autoroutes : gardons en la maîtrise collective par une entreprise publique, puisqu’au final c’est le contribuable qui paiera toutjours. NON à l’EPR ou tout autre forme de centrale par GDF-SUEZ, POWEO ou autres candidats aux profits financiers...
Excellent édito (merci !) et excellentes questions ! Les bonnes, à mon sens...
Une chose est sûre : l’impact de Fukushima et sa "facture" (notamment environnementale) ne sera pas seulement celle du Japon. Elle sera probablement mondiale.
Par ailleurs, grosso modo, on sait ce que coûte le démantèlement d’une centrale, mais il est si cher que les exploitants ne peuvent l’assumer à eux seuls. A ma connaissance, le démantèlement des centrales françaises est estimé à + ou - 60 milliards d’€. A la demande de l’Etat, EDF a ainsi provisionné un "bas de laine" démantèlement de quelques milliards mais qui serait totalement insuffisant et implique le soutien de l’Etat.
Fukushima pose les vraies questions face au nucléaire : la recherche d’un profit maximum y compris dans le cadre d’une activité potentielle dangereuse (mortelle) - l’opacité chronique de la filière et l’impossibilité de lui faire une confiance aveugle - sa véritable rentabilité (en effet) - un comportement à courte vue n’intégrant ni le démantèlement, ni la gestion des déchets pour les générations futures, ni la prise en charge (sanitaire, financière, écologique et humaine) d’un accident...
S’il est clair que la France, en particulier, ne peut se passer demain matin du nucléaire, elle a sciemment choisi (comme la filière hydrocarbures) d’exploiter jusqu’au bout, dans un raisonnement à court ou moyen terme, sans investir sur l’avenir. Pendant ce temps l’Allemagne, par exemple, a travaillé sur les énergies renouvelables, pris de l’avance, et nous vendra sa technologie (pour simplifier) ! Cela aussi fera partie du prix du choix du tout nucléaire....
Le vrai prix du nucléaire