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Verdir l’Amérique ? Yes, we can
lundi, 1er février 2010 / Anne Sengès /

Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

Jennifer Schwab s’est vue confier une mission délicate par le Sierra Club, prestigieuse association pour la défense de l’environnement : convaincre ses concitoyens de verdir leurs habitations avec pour seule arme un site Internet - Sierra Club Green Home - et un blog baptisé « My Inner Green » (mon vert intérieur). C’est aussi une fervente partisane des produits verts « made in America ».

Terra eco : vous êtes partisane de mesures incitatives qui permettront aux consommateurs d’acheter des panneaux fabriqués aux États-Unis plutôt qu’en Chine. Le fait que les Chinois cassent les prix et inondent le marché américain n’est-t-il pourtant pas une bonne nouvelle pour le consommateur américain ?

Jennifer Schwab : "La relance passe par la création d’emplois massifs sur le territoire américain. De plus, lorsque vous achetez des produits fabriqués sur votre territoire, vous réduisez votre empreinte écologique. Si je décide d’acheter des panneaux solaires fabriqués dans une usine localisée dans l’Arizona, ils parcourront 643 km avant d’être installés sur mon toit. Si je les achète en Chine, ils feront une dizaine de milliers de kilomètres. En revanche, je reconnais évidemment qu’il y a des avantages à acheter à l’étranger, l’avantage principal étant le coût beaucoup moins élevé des panneaux solaires produits en Chine. Ceci est un facteur important sachant que l’obstacle principal à l’adoption de panneaux solaires par les consommateurs américains reste leur coût encore trop élevé. Je pense donc qu’il vaut mieux avoir des panneaux solaire fabriqués en Chine sur son toit que pas de panneaux du tout. D’autre part, les Chinois commencent à implanter leurs usines sur le territoire américain ce qui créé des emplois et stimule notre économie. En revanche, je continue de penser que si l’Amérique veut s’imposer comme le leader de l’économie verte, le gouvernement américain devrait accorder des primes aux entreprises américaines qui fabriquent des panneaux solaires et des réductions d’impôts aux consommateurs qui achètent des panneaux « made in America »."

Avez-vous l’impression que les Américains adoptent des comportements plus respectueux de l’environnement ? Un sondage récent indiquait que le réchauffement climatique occupait la dernière place des 21 priorités listées par les Américains.

"Oui, les Américains prennent de meilleures décisions même s’il reste une montagne de progrès à faire. Le but du Sierra Club Green Home est d’ailleurs de les éduquer et de les encourager à changer leurs comportements en leur montrant que s’ils dépensent un peu plus d’argent au début pour verdir leurs maisons, l’investissement sera très vite rentable. Le retour sur investissement est un facteur très important pour les Américains. Nous essayons de leur montrer que l’éco-citoyenneté est source de profits pour eux et la planète. Nous sommes convaincus de l’importance de commencer le combat au cœur de l’habitation puisqu’il est plus facile pour le consommateur moyen de verdir sa maison que de se convertir aux vertus de la voiture électrique par exemple."

Quels sont les freins principaux au verdissement des comportements aux États-Unis ?

"Je dirais que la paresse reste l’obstacle principal ainsi que l’amour du status quo. Les gens ont beaucoup de mal à changer leurs habitudes. D’où l’importance des politiques incitatives ainsi que des régulations. C’est un peu la politique du bâton et de la carotte ; on leur donne des raisons de changer mais il faut aussi savoir les forcer. L’Amérique a les yeux rivés sur San Francisco, ville qui sert un peu de laboratoire en matière d’éco-citoyenneté. La mairie vient de rendre le compostage obligatoire et les habitants qui ne trieront pas leurs déchets organiques seront sujets à des amendes. Si cette politique s’avère un succès, il est certain que d’autres grandes villes l’adopteront."

Quelles sont les grandes tendances pour 2010 en matière de comportements verts ?

"Les ampoules fluocompactes, dont le prix est en chute libre, l’audit énergétique et les appareils de mesure qui permettent au consommateur de prendre conscience de sa consommation électrique et les sacs en plastique recyclables qui sont même devenus des accessoires de mode dans les rues de San Francisco, signe ultime d’une attitude éco-citoyenne."

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