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En Afrique, Little Sun fait entrer la lumière dans les foyers
mardi, 15 avril 2014
/ Alexandra Bogaert
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Un duo de Danois a imaginé une lampe led qui fonctionne à l’énergie solaire, pour éclairer les maisons sans électricité.
Le soleil est entré par la porte, et s’est collé au plafond. Grand comme la paume d’une main, il inonde la pièce de ses rayons. Dehors, la nuit est d’un noir profond. La région montagneuse de Karamira, au nord du Burundi, n’est pas reliée au réseau électrique. Depuis qu’une ONG a mis à la disposition des villageois, à la fin de l’année 2012, des « Little Suns » – littéralement « Petits soleils » –de drôles de petites lampes, jaunes comme l’astre qui nous chauffe et au cœur brillant comme une étoile, la vie a changé. Et s’étire désormais bien au delà des limites visibles du cadran solaire.
Résultat : grâce à ces soleils, les femmes continuent à tresser des paniers artisanaux après le crépuscule. L’augmentation de la production, vendue à la ville, entraîne celle des revenus. Grâce à cet argent, les villageois ont acheté en commun des lopins de terre pour assurer leur subsistance et envoient tous les enfants à l’école. Le soir, les élèves peuvent faire leurs devoirs, en rêvant à un avenir.
Ce cercle vertueux tourne au Burundi mais pourrait tout aussi bien s’apercevoir en Ouganda, au Kenya, au Sénégal, en Ethiopie, en Afrique du sud ou au Zimbabwe, les six autres pays d’Afrique où les Little Suns sont vendus.
Cet objet design, petite lampe LED dont la batterie se recharge à l’énergie solaire (cinq heures de charge permettent d’avoir dix heures de lumière douce ou quatre heures de lumière éclatante), est la brillante idée de deux Danois, l’artiste Olafur Eliasson et l’ingénieur Frederik Ottesen. Le duo voulait faire de l’art utile, en fournissant de la lumière à ceux qui, à travers le monde, n’ont pas d’accès direct au réseau d’électricité. Sur les 7 milliards d’habitants que compte la planète, 1,6 milliard sont dans ce cas. Pari gagné : sur 126 000 lampes vendues depuis le lancement de Little Sun, en juillet 2012, 40 000 l’ont été en Afrique, avec un impact positif direct sur la vie de 213 000 Africains, vivant jusque-là dans le noir dès la nuit tombée. « C’est un très bon début mais c’est encore très peu par rapport à nos ambitions pour les prochaines années », tempère Felix Hallwachs, le directeur général de l’entreprise Little Sun, installée à Berlin. Il mise sur plusieurs millions de lampes délivrées à travers le monde dans les dix ans.
Cette lampe vient compenser l’absence d’électricité dans les maisons. Crédit photo : Helen Zeru
Car Little Sun est bien un business, mais ancré dans les principes de l’économie sociale et solidaire. Certes, on peut toujours faire un don (non déductible des impôts) du montant que l’on souhaite, via le site, pour soutenir le projet. Mais le principe est de vendre au prix fort (environ 22 euros) les lampes sur Internet, dans des galeries design et des boutiques de musées, du Japon aux Etats-Unis en passant par de nombreux pays européens – France mise à part pour le moment, bien que la lampe ait intégré la collection d’objets design du Centre Pompidou, à Paris.
Le profit tiré de ces ventes dans les pays où l’électricité est abondante permet à l’entreprise de payer ses frais généraux mais aussi de réinvestir toutes ses marges dans le financement de formations à la vente et dans la distribution de kits de base pour lancer un commerce : de jolis présentoirs et un premier stock de soleils. A ce jour, 200 entrepreneurs locaux ont bénéficié de ce petit capital de départ pour vendre ces lumières, grâce au porte-à-porte. Cédées entre 7 et 11 euros pièce, elles leur permettent de gagner de l’argent, réinvesti ensuite dans l’achat de nouvelles lampes.
« A de nombreux égards, ça reste un produit cher. Mais c’est bien plus abordable que le kérosène, la paraffine, les bougies ou les piles des lampes de poche habituellement utilisées pour s’éclairer, explique Felix Hallwachs. Acheter un Little Sun évite de dépenser, chaque semaine, un dollar en kérosène. Pendant les deux ans que va fonctionner la lampe – c’est la durée de vie minimum des batteries, si la lampe est utilisée au quotidien – son utilisateur va donc économiser environ 90% de ce qu’il aurait déboursé s’il s’éclairait via des lampes à pétrole. » Sans compter que cette source d’énergie non polluante est sans danger pour la santé, contrairement aux combustibles fossiles. A ce jour, les lampes vendues ont évité l’émission de 2200 tonnes de CO2 et permis aux foyers d’économiser environ 575 000 euros.
Pour comprendre le fonctionnement de Little Sun en deux minutes :
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