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Max Havelaar : « Nous allons continuer à faire bouger les lignes du commerce mondial »
lundi, 3 février 2014 / David Solon /

Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

Pour Marc Blanchard, directeur général de Max Havelaar France, le lancement du programme « Approvisionnement Fairtrade » va permettre au commerce équitable de mieux soutenir les producteurs au Sud.

« Répondre aux besoins des producteurs et augmenter significativement les volumes de ventes du secteur ». Ce double objectif de l’association Max Havelaar semble louable et limpide. Le commerce équitable en France ne concerne « que » 346 millions d’euros par an (2012) et il faut bien trouver le moyen de faire décoller les chiffres. L’association a donc lancé un nouveau label. Dans ce nouveau programme baptisé « Approvisionnement Fairtrade », c’est la matière première qui est labellisée (cacao, sucre ou coton), et non l’ensemble des ingrédients d’un produit. Cette démarche de filière vise à « sécuriser les approvisionnements des grandes entreprises » (Mars et Nestlé notamment ont déjà donné leur accord).

Terra eco : En quoi consiste ce nouveau label et comment peut-il mieux soutenir les producteurs au Sud ?

Marc Blanchard : Nous sommes partis d’une demande des producteurs de cacao d’Afrique. Malgré toutes les avancées du commerce équitable, ils souhaitaient aller plus loin, car les bénéfices à leurs yeux s’avéraient insuffisants. Nous nous sommes réunis il y a deux ans environ afin de réfléchir à des développements et des innovations. Il faut savoir que pour un petit producteur, 28% de son volume de vente seulement est concerné par le commerce équitable et 72% est conventionné. Il faut donc faire mieux.

La solution ?

Les (très) nombreuses consultations que nous avons menées ont montré qu’il y avait deux voies. Il faut que les coopératives vendent davantage et que leur nombre soit lui aussi plus important. Plus de ressources pour plus de producteurs. C’est finalement assez simple. L’idée avec ce nouveau programme est d’avoir une approche de filière et non pas de produit. Une entreprise qui garantit qu’elle va se fournir à 30%, 40% ou 100% dans la filière équitable pour sa matière première (le sucre, le chocolat ou le coton) entrera dans ce nouveau programme.

N’y a-t-il pas un risque de dégrader le label Commerce équitable avec cette mesure ?

Non. Notre nouveau label s’insère dans une stratégie globale. Les producteurs doivent pouvoir écouler une plus grande part de leurs récoltes aux conditions Fairtrade. L’approche « matières premières » est nouvelle. Elle va permettre de renforcer les bonnes pratiques des producteurs, une meilleure organisation du travail… Les standards de certification du commerce équitable restent inchangés, c’est donc un modèle complémentaire qui va se mettre en place. Cela va offrir aux entreprises partenaires une nouvelle opportunité de communiquer sur leurs engagements et leurs réalisations.

Le commerce équitable étant limité à la portion congrue du commerce international, n’est-ce pas un aveu d’impuissance ?

Le chiffre d’affaires du commerce équitable a été multiplié par 8 à l’échelle mondiale depuis 2004 et par 5 en France. En 2012, les ventes ont augmenté de 10% dans l’Hexagone. C’est considérable. Maintenant, c’est insuffisant, je vous l’accorde. Mais dans le même temps nous voyons bien que les consommateurs souhaitent aller vers le prix juste. Nous essayons de les accompagner en « libérant tous les potentiels ». Nous cherchons avec ce nouveau programme à être un accélérateur. Pour cela nous disposons de deux leviers : le volume des ventes et l’appui aux producteurs.


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