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Mais à quoi sert le bio ?
jeudi, 28 mai 2009
/ Arnaud Gonzague
,
/ Agence Idé
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/ Rafaël Trapet/Picturetank
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42 % des Français ont consommé au moins un produit bio une fois par mois en 2008. Et 6 % tous les jours. Qu’est-ce qui nous pousse à choisir ce type de produits ?
1/ A proteger l’environnement ?
On raconte que corbeaux et gibiers se réfugient toujours dans les parcelles bio plutôt que dans les conventionnelles – occasionnant d’ailleurs pas mal de dégâts. Serait-ce la preuve que la nature aime le bio ? En tout cas, l’agriculture AB le lui rend bien : d’abord par la quantité d’engrais chimiques, pesticides et fongicides qu’elle s’interdit de répandre dans l’air et les sols. Une seule pomme conventionnelle peut recevoir sur la caboche jusqu’à 27 traitements chimiques différents ! A ces « substances préoccupantes », selon la dénomination des autorités, elle préfère les bons vieux compost et fumier, produits – idéalement – sur place. Et ce n’est pas le fermier bio qui ira contaminer les parcelles voisines avec des OGM, puisqu’ils lui sont également interdits.
Le bio repose sur l’adage « mieux vaut prévenir que guérir ». Par exemple, plutôt que d’inonder les parcelles de phytosanitaires dès l’apparition de taches suspectes sur des feuilles, le fermier regardera la rusticité d’une plante et sa capacité à cohabitater avec d’autres espèces locales. Autre technique pour éliminer parasites, maladies et mauvaises herbes le plus naturellement du monde : la rotation des cultures. « Toutes les espèces n’ont pas la même sensibilité, explique Stéphane Bellon, coordinateur du programme agriculture biologique à l’Institut national de recherche agronomique (Inra). En alternant les cultures – par exemple, une année du maïs, puis du blé, puis du pois –, on limite les foyers d’infection. Et en mélangeant plusieurs variétés sur une même parcelle, on limite aussi la sensibilité relative de chaque variété. »
Cette mixité et ces rotations sont, par ailleurs, excellentes pour rendre les sols plus fertiles car les racines plus longues de certaines espèces – la luzerne, par exemple – font « remonter » les éléments minéraux du sol pour les espèces aux racines plus courtes – le blé. « Les sols biologiques contiennent plus de vers de terre, donc sont mieux aérés. Ils permettent une meilleure infiltration des eaux et sont, de fait, plus résistants à la sécheresse ou à l’érosion », énumère Stéphane Bellon.
Et les animaux élevés au régime bio ? Sont-ils vraiment mieux traités ? « Incontestablement, puisque le bien-être animal fait partie intégrante du cahier des charges », précise Philippe Nourrit, responsable du bio chez le certificateur Qualité-France. Nourris exclusivement aux aliments bio – idéalement les fourrages maison –, non attachés, libres de gambader dans les pâturages quand les conditions climatiques le permettent, ils ne subissent pas l’horreur de grandir écrasés dans des cages ou des boxes individuels bétonnés.
Bref, dans une assiette bio, on trouve aussi plus d’éléments bénéfiques à la santé. Un – très léger – apport en fer et en magnésium dans les légumes, mais surtout une proportion supérieure d’antioxydants, cette famille de molécules dont on commence à découvrir l’efficacité contre le vieillissement des cellules. « On a constaté que des pêches bio, par exemple, peuvent présenter des taux de polyphénols – des antioxydants – bien supérieurs – parfois le double – à ceux des conventionnelles », souligne Stéphane Bellon. Pourquoi ? « Probablement parce que les cultures bio ne sont pas protégées par les pesticides et doivent réagir pour résister aux agressions extérieures, comme les insectes ou les maladies, répond Denis Lairon, directeur de recherche à l’Inserm. C’est cette réaction qui provoque une concentration accrue d’antioxydants. »
Et dans les viandes ? Les poulets bio contiennent globalement moins de lipides et plus d’acides gras polyinsaturés – le fameux « bon gras ». Et dans l’agneau, le gastronome avalera des acides gras plus riches en oméga 3. Le pain bio, enfin, par sa farine moins raffinée, contient plus de fibres, plus de minéraux et plus de vitamines.
Pour ses défenseurs, aucun doute : les tomates bio ont un « vrai goût de tomate », la côte de porc un « vrai goût de porc », etc. Est-ce à dire qu’ils sont meilleurs ? Deux-tiers des Français, interrogés à ce sujet, opinent du chef. Mais c’est… une question de goût. « Les produits bio n’ont pas “ meilleur ” goût, car cela ne signifie pas grand-chose en soi, précise Stéphane Bellon. Disons qu’il est plus authentique. » Ainsi, l’Institut suisse de recherche de l’agriculture biologique (FiBL) a fait déguster à un panel de goûteurs, des pommes ordinaires – dites « conventionnelles » – et des bio. Résultat : les secondes, plus fermes, récoltent des notes moyennes 15 % supérieures aux premières.
A l’inverse, une étude de l’Inra souligne qu’entre deux côtelettes d’agneaux – de même race et abattus au même âge – un jury français préfère la conventionnelle car la bio a un gras qui dégage « une odeur anormale ». « Cela tient au trèfle blanc, une plante plus abondante dans les prairies bio, dont se nourrissent les agneaux, explique Sophie Prache, l’une des chercheuses qui a mené cette étude. Ses protéines conduisent à la formation d’un composé, le scatole, à l’odeur jugée désagréable en France. Les Anglais ou les Néo-Zélandais, plus habitués à l’agneau d’herbe, y sont moins sensibles. »
Sur le papier, le bio ne peut d’ailleurs fonctionner que s’il compte des réseaux de fermes suffisamment denses dans tout le pays, qui se soutiennent les unes les autres. Car le cahier des charges enjoint que la moitié au moins de l’alimentation animale bio soit assurée sur l’exploitation ou, à défaut, « en coopération avec des exploitations biologiques voisines ». Mais vue la faible densité des parcelles bio en France – seulement 2 % des surfaces agricoles –, c’est plus facile à dire qu’à faire.
Encore faudrait-il qu’il ne consomme pas des produits importés et donc acheminés par transport depuis l’étranger. Car faute d’une production française suffisamment importante, le bio de nos gondoles est souvent made in ailleurs. « Nous sommes autosuffisants en œufs, en volailles, en bovins, en ovins, expose Elisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio. Mais c’est vrai qu’au moins 60 % des fruits et légumes et 40 % de l’épicerie sèche – café, cacao… – sont importés. » Même si aucune étude sur le sujet n’a encore été publiée pour la France, il paraît clair que le bio hexagonal a encore un vilain petit goût de carbone.
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biologique de l’Afssa
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