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L’Espagne va-t-elle accueillir un Las Vegas européen ?
jeudi, 31 mai 2012
/ Novethic / Le média expert du développement durable |
Un « Eurodisney pour adultes » pourrait être bâti près de Madrid ou de Barcelone. Problème : la ville élue devrait renoncer à son agriculture et accepter d’énormes nuisances environnementales.
Fin 2007, le groupe britannique International Leisure Development (ILD) présentait à la région d’Aragon « Gran Scala », un projet de méga-parc de jeux. Le projet à 17 milliards d’euros n’a jamais vu le jour et, quatre ans plus tard, Gran Scala est définitivement enterré par la crise. Mais un autre projet, baptisé « Eurovegas », a pris la relève et suscite la polémique. Si beaucoup d’hommes politiques espagnols y voient une occasion en or pour créer des emplois, un ensemble d’ONG, d’agriculteurs et d’associations locales ne l’entendent pas ainsi. Eurovegas serait même, pour reprendre leur étude d’impact publiée le 17 mai, un « projet insoutenable et excessif, (…) une agression contre le territoire ».
15 mai 2012. Pour l’anniversaire du mouvement des « Indignados », la banderole « Eurovegas No » flottait à Madrid dans le cortège des manifestants. Créée en mars 2012, cette plateforme regroupe les principaux mouvements écologistes du pays, des associations de riverains, mais aussi des avocats, des architectes, des ONG ou encore la Fédération des joueurs réhabilités. Comme leurs homologues catalans d’« Aturem Eurovegas », ils dénoncent pêle-mêle les clauses préférentielles demandées par LVS concernant la flexibilité au travail et la fiscalité, les risques de prostitution et de mafia ou encore la réintroduction de zones fumeurs dans les casinos. Surtout, ils estiment qu’Eurovegas impliquerait « la surexploitation de ressources en eau, des dépenses énergétiques excessives, l’augmentation des déchets et la destruction du territoire ». Les besoins en électricité seraient par exemple équivalents à ceux d’une ville de 676 000 habitants.
Pour l’entreprise LVS, le site catalan du Delta de Llobregat présente au départ deux avantages : proche de la mer, il est aussi situé à côté de l’aéroport de Barcelone. Mais c’est aussi une zone agricole protégée depuis 1976, « une zone très productive, sur laquelle travaillent 1 400 agriculteurs », précise Lluís Parés, du syndicat paysan Unió de Pagesos. Depuis mars 2012, Unió de Pagesos se mobilise contre le complexe. « Le projet Eurovegas signifierait la destruction d’un modèle d’agriculture péri-urbaine sur lequel nous travaillons depuis des années », s’insurge le syndicat. Zone de nidification, le site est protégé au plan environnemental depuis 2010. Autre élément de tension, le projet viendrait accroître la pression sur l’aquifère du Delta, principale réserve d’eau douce locale.
Cet article de Thibault Lescuyer a initialement été publié, le 30 mai 2012, sur Novethic, le média expert du développement durable.
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