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Le baptème de l’air
jeudi, 5 juillet 2007
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Depuis dix ans, Guy Nègre arpente les salons automobiles pour vendre une bête curieuse dotée d’un moteur à air comprimé. Le leader indien Tata Motors vient de parier sur lui.
Moins chère et plus pratique que sa grande sœur électrique, la voiture à air comprimé conçue par Guy Nègre pourrait « assainir » nos routes à l’horizon 2009. Après dix-sept ans de recherches, 20 millions d’euros investis sans retombées et une cinquantaine de brevets déposés, MDI [1], sa petite société provençale, touche enfin au but. En février, un contrat de licence exclusive signé avec Tata Motors, leader du marché automobile indien, a apporté les fonds nécessaires à l’industrialisation de son invention. In extremis.
« Sans cet accord, MDI n’aurait pas survécu à l’hiver », avoue Guy Nègre, qui bataille depuis 1996 pour commercialiser ses prototypes. A l’époque, il se heurte à une fin de non-recevoir des constructeurs et à la frilosité des sponsors. La traversée du désert commence pour l’homme originaire du sud de la France qui a roulé sa bosse chez de grands industriels et en Formule 1. Devenu allergique aux gaz d’échappement, l’ex-habitué des circuits en profite pour peaufiner une gamme de trois voitures CATs (Compressed Air Technology System) affichant « des performances et un confort proches de ceux des véhicules thermiques existants, pour un prix équivalent ».
Guy Nègre y associe l’attractivité du prix : 9 200 euros, grâce à un coût de fabrication minimum. « Avec une chaîne à taille humaine qui livre une voiture par demi-heure au lieu d’une toutes les minutes dans l’industrie classique, on allège le poids et donc le prix de la voiture », explique l’ingénieur. Plus malin encore, MDI va expérimenter un mode de distribution inédit dans lequel le concessionnaire fabrique lui-même ses voitures. Via un contrat d’option de licence, il s’engage à bâtir une unité de production, identique à l’usine MDI de Carros, près de Nice, pour un coût de 12 millions d’euros. En retour, MDI formera les 75 salariés du site et soutiendra l’effort financier des partenaires en leur accordant des prêts.
Dernier volet, la politique de développement durable. Le système de chauffage des usines fonctionnera grâce à l‘énergie générée par la fabrication des voitures. Par ailleurs, une carrosserie en résine 100 % végétale est actuellement à l’étude.
Une quarantaine de ces options sont déjà signées dans des pays émergents mais aussi en France. Les premières sorties d’usine, prévues fin 2008, à Carros puis en Inde, permettront de lancer ces projets. De quoi faire rêver Guy Nègre et ses 26 salariés d’une belle revanche sur l’industrie automobile.
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