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La Radio Munkû tourne aux bœufs
mercredi, 17 août 2011
/ Agathe Mahuet
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En République démocratique du Congo, cette station communautaire émet grâce à un système… de traction animale. Une initiative signée RFI Planète radio.
Le matériel est arrivé à Kinshasa en août, il y a quelques semaines à peine. La petite cage de fer, l’alternateur et ses courroies ont ensuite parcouru les 150 km vers l’est qui séparent la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) de la petite ville de Mbankana. C’est là qu’émet, depuis 2004, par intermittence, la radio rurale Munkû. En quelques années, la station associative est devenue « l’âme de toute une communauté », comme le vante son slogan. Mais voilà quelques mois, les émissions de Munkû ont dû cesser. Le système photovoltaïque qui alimentait électriquement la radio locale a tourné court : « les panneaux ont été volés », explique Max Bale, chef du projet RFI Planète radio.
RFI Planète radio n’en est pas à son premier essai. Née dans le giron de la station internationale française, la structure s’agite depuis une douzaine d’années pour aider au développement des radios de proximité tout autour du globe. Les objectifs sont toujours les mêmes : éduquer journalistes et techniciens à l’outil radiophonique et à la maintenance des équipements. Car pour Max Bale, le transfert des compétences aux locaux est « une nécessité ». Sans cela, le travail réalisé sur place s’annule avec le départ des formateurs. Les « élèves »pourront, eux, transmettre à leur tour leurs connaissances, et même « bricoler d’autres systèmes électriques ».
En RDC, à l’approche des élections générales prévues pour la fin de l’année, les attentes de la population sont fortes. Il faut sécuriser les médias locaux, assurer l’alimentation en électricité des stations de radio, etc. Les promoteurs de RFI Planète radio ont donc choisi une zone stable pour installer leur machine et se sont assurés de la motivation des habitants. « Les bœufs sont entraînés depuis trois mois », annonce fièrement Max Bale.
« Quand nous sommes arrivés, les habitants nous ont fourni des veaux », raconte l’expert en développement radio. Il n’avait pas réalisé l’importance d’installer sa machine près d’une zone d’élevage. Or, si les locaux ne sont pas habitués à entretenir des bêtes, le système est voué à l’échec. « C’est la seule compétence nécessaire pour assurer sa maintenance. » Depuis, la radio Maïgaro a reçu des mains d’autres ONG un générateur thermique à essence, un système « plus facile à gérer », lâche Max Bale à contrecœur.
Mais le système d’alimentation électrique par traction animale, c’est une idée simple, accessible aux structures isolées, « celles-là mêmes qui mettront de nombreuses années avant de pouvoir bénéficier des progrès technologiques occidentaux ». Car pour RFI Planète radio, combler la fracture numérique demande d’abord de répondre à la question de l’alimentation électrique. « Une radio sans électricité, c’est un journal sans papier », rappelle Max Bale. Et sans ces médias locaux, ce sont les espoirs d’une bonne gouvernance et d’une démocratie qui s’éloignent. —