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Londres et l’industrie nucléaire en flagrant délit de communication
vendredi, 1er juillet 2011
/ Karine Le Loët / Rédactrice en chef à « Terra eco ». |
Au lendemain de Fukushima, le gouvernement britannique n’a cessé de communiquer avec l’industrie du nucléaire pour tenter de préserver l’image de l’atome. C’est la révélation du Guardian qui publie sur son site 80 messages échangés.
« Ce que montrent les emails c’est un gouvernement faible et une industrie puissante qui complotent pour mal informer, et même vraisemblablement mentir au public et aux médias », assure John Vidal. Et le journaliste de rappeler que personne – au moment où s’échangeaient ces emails - « n’avait aucune idée de la gravité de la situation à Fukushima ou de ce qu’elle pourrait devenir ».
Le 13 mars, soit deux jours après le début de la catastrophe, un membre du département en charge du commerce écrit par exemple : « Nous devons travailler ensemble et envoyer des messages forts et coordonnés. Nous risquons que cet événement puisse avoir un impact sur l’industrie de façon globale. Nous devons nous assurer que les gars de l’antinucléaire ne gagnent pas de terrain. Nous devons occuper l’espace et y rester ». Et le même rédacteur d’ajouter un peu plus loin : « Nous devons discréditer toute tentative de comparer cette catastrophe à Tchernobyl – en s’appuyant sur des faits. »
Les messages se poursuivent. Un autre signé là encore du département au commerce et envoyé le 14 mars : « Nous avons besoin d’une réponse forte de l’industrie démontrant la sûreté du nucléaire – sans cela, on risque d’observer des conséquences négatives sur les marchés ». Pis, le département d’Etat plonge même dans l’obscurantisme quand il ose affirmer que la radioactivité est délibérément rejetée : « L’explosion aussi impressionnante soit-elle fait partie du système de sécurité », écrit l’auteur d’un mail daté du 13 mars. « Orwellien » pour le journaliste John Vidal qui s’indigne de la proximité entre industrie et gouvernement.
Les deux instances ont-elles réussi à étouffer la contestation dans l’oeuf ? Pendant que l’Allemagne, la Suisse et l’Italie commencent à tourner le dos à l’atome, la Grande Bretagne n’a pas vraiment remis en cause la création de nouvelles centrales sur le sol national. Même le débat sur le coût – que l’on peut supposer pharamineux – de ces installations est resté relativement modeste, assure le reporter.