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Dilemme : ascenseur ou escalator ?
mercredi, 23 février 2011
/ Philippine Arnal
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Sportive exemplaire mais les bras chargés de paquets en plein centre commercial, vais-je céder à l’appel de l’escalier mécanique ou de la cabine ? Une enquête à pas comptés.
FABRICATION avantage ascenseur
Ascenseur Des câbles à la machinerie, les entrailles de la bête qui me fait de l’œil sont essentiellement constituées d’acier. Leur fabrication est donc très énergivore. A l’ouverture, jolie surprise : la cabine n’est pas en tôle habillée de moquette nauséabonde – la mode est passée au tournant du XXIe siècle –, mais en panneaux de bois stratifiés. Elle pèse ainsi 40 % de moins que son ancêtre. Sa cousine tout en verre est, elle, plus jolie, mais plus lourde. Certains constructeurs font néanmoins des efforts et annoncent 45 % de métaux recyclés, des peintures sans solvant et des colles non toxiques pour le bois.
Escalator Charpente, chaîne et moteur en acier, marches en aluminium, vitres latérales en verre, trottoir roulant et main courante en caoutchouc : c’est un zéro pointé pour ces matériaux – affolants pour mes pieds, je le reconnais – qui requièrent une énergie folle à la fabrication.
TRANSPORT ex-æquo
Ascenseur La cabine a de fortes chances d’avoir été assemblée dans une usine européenne. Hors de la structure de l’appareil, des systèmes de sécurité et de l’armoire électronique, les pièces sont fabriquées chez des sous-traitants et rapportent un passeport bien tamponné : les rails viennent d’Espagne, les panneaux de bois d’Italie, le moteur de France, de Chine ou d’Amérique du Sud et les câbles d’Allemagne !
Escalator Deux options possibles. Ou je me trouve face un spécimen made in Europe – un appareil sur deux – ou j’en emprunte un importé tout entier de Chine après huit semaines de bateau. Et si, pour les fabricants, la facture est la même en fin de parcours, le bilan carbone du modèle chinois explose littéralement le plafond.
ENERGIE CONSOMMÉE ex-æquo
Ascenseur Tout se joue quand les portes s’ouvrent devant moi. 60 % de son impact environnemental est en effet dû à son usage. Bonne nouvelle : depuis 2000, les nouveaux modèles consomment deux fois moins qu’avant. L’ascenseur hydraulique reste cependant un mauvais élève et atteint des sommets inégalés : il dépense autant d’énergie plein que vide. Mais à moins de se perdre dans les réserves du magasin, le client lambda n’a pas de raison d’en croiser un.
Escalator Avec sa mauvaise habitude de fonctionner en continu, il pèse à lui seul 2 % de l’énergie utilisée par le centre commercial ! S’il transporte dix fois plus de monde que l’ascenseur, il dépense potentiellement dix fois plus d’énergie. Je note enfin la flemmardise certaine de l’animal : il consomme six fois plus en montée qu’en descente !
FIN DE VIE avantage ascenseur
Ascenseur A part les éléments en plastique, 90 % de l’appareil – soit la part des métaux – est recyclable. D’une durée de vie moyenne de trente ans, les 500 000 ascenseurs installés en France sont souvent de véritables patchworks. Il est en effet plus simple – et moins cher – de remplacer les pièces défectueuses que d’installer un appareil tout neuf.
Escalator Les 6 000 modèles empruntés par les Français ont la même durée de vie que les ascenseurs, mais un potentiel de recyclage légèrement inférieur. La faute à leur masse de caoutchouc, matériau qui résiste toujours au recyclage. —
SAUVER LA PLANÈTE OU SON CŒUR ?
On peut réduire la consommation des escalators de 30 % et des cabines de 75 % en les équipant des dernières technologies de veille ou de récupération d’énergie. Mais au final, c’est l’ascenseur qui gagne le combat écologique. Côté santé, pas d’hésitation : vive l’escalier !